Chloé REBILLARD

Les bailleurs sociaux s’insurgent contre le plan logement

Le 20 septembre, le gouvernement présentait sa proposition de plan logement. Dès le lendemain, les bailleurs sociaux se sont insurgés contre les réformes proposées.

Les bailleurs sociaux s'inquiètent également de la santé de la construction face au plan logement voulu par le gouvernement. © Flickr
Les bailleurs sociaux s'inquiètent également de la santé de la construction face au plan logement voulu par le gouvernement. © Flickr

Claude Olive, maire d’Anglet mais également président de l’Office 64, ne se contient pas : "Ces gens-là sont complètement hors-sol. Il faudrait leur remettre les pieds sur terre !" Même son de cloche de la part de ses collègues présidents, Paul Baudry, d’Habitat Sud Atlantic et Bertrand Bourrus, du Comité Ouvrier du Logement (COL). Dire qu’ils ne décolèrent pas tiendrait de l’euphémisme. 

La raison de leur ire ? Le plan logement présenté mercredi 20 septembre par le gouvernement en la personne de Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre à la Cohésion des territoires. Plusieurs mesures les font bondir. 

En premier lieu, la décision de baisser les APL de 60 euros pour les logements sociaux et de faire baisser d’autant les loyers des locataires concernés. Les bailleurs sociaux ont sorti leur calculette : pour Office 64, cela représente une perte nette de son autofinancement de 3,5 millions d’euros. Soit 200 logements neuf en moins ou 50% des crédits consacrés à la réhabilitation du parc existant. Pour le COL, cela représente 700 à 800 000 euros de perte. Et le gouvernement n’a annoncé aucun financement pour compenser le manque à gagner des bailleurs sociaux.

Aucun encadrement des loyers

Seconde mesure qui ne passe pas, la volonté du gouvernement d’augmenter la part de vente des logements HLMpour les locataires qui le souhaitent. L’objectif affiché est de 40 000 logements par an (contre un peu moins de 10 000 actuellement). Claude Olive s’insurge : "Outre le fait que cela entraine une baisse de nos capitaux, c’est une vaste plaisanterie. On ne doit pas vivre dans le même pays : la plupart des locataires n’ont pas les moyens d’acheter de l’immobilier."   

Enfin, une question est sur toutes les lèvres : pourquoi faire peser les économies budgétaires voulues par le gouvernement sur le seul parc social ? Aucun encadrement des loyers n’est en effet prévu et, selon les présidents des offices de bailleur social, les privés sont pourtant les premiers responsables de la flambée des prix du locatif. "On va toucher le plus petit et le modeste. A l’arrivée, c’est le locataire qui va payer très cher" précise Paul Baudry. 

Les opérateurs sociaux ne comptent pas en rester là : des lettres sont parties à destination de l’ensemble des députés. Le congrès de l’Union sociale de l’habitat, qui se tiendra à Strasbourg la semaine prochaine et où est attendu Julien Denormandie, s’annonce pour le moins mouvementé.