Chloé REBILLARD

La LGV Pays Basque pourrait ne pas être mise sur les rails

Jean-René Etchegaray, président de la Communauté d’agglomération du Pays Basque (CAPB), a rencontré Guillaume Pépy, PDG de la SNCF, le 1er août à Paris. Il est ressorti de cette rencontre que la SNCF va investir 20 millions d’euros pour la réhabilitation de la ligne Bayonne-Hendaye. Le montant affiché de la restauration peut laisser à penser que le projet de LGV est, pour le moment, rangé dans les cartons. 

La SNCF a annoncé des travaux de modernisation sur la ligne Bayonne - Hendaye, reléguant la LGV au second plan. ©Wikimedia Commons
La SNCF a annoncé des travaux de modernisation sur la ligne Bayonne - Hendaye, reléguant la LGV au second plan. ©Wikimedia Commons

Si les détails ne sont pas encore connus, la SNCF s’est engagée à démarrer les travaux de réhabilitation de la ligne Bayonne-Hendaye dès 2018 pour la partie hydraulique et d’ici à 2020 en ce qui concerne les infrastructures. Et ce, pour un montant total de 20 millions d’euros. 

Mais pour ce qui concerne la LGV, J.-R. Etchegaray ne prend pas de risque : "Je ne suis pas habilité à faire des annonces à la place des maîtres d’oeuvres qui sont dans ce dossier, la SNCF et la Région Nouvelle-Aquitaine" déclare-t-il. Il insiste néanmoins sur le montant d’investissement annoncé par Guillaume Pépy lors de leur rencontre : "Je me réjouis car c’est un montant colossal, dont la ligne avait grandement besoin, et qui pourrait peut-être laisser penser qu’il y a une évolution sur le projet de la LGV." Il assure ne pas avoir abordé le sujet avec le PDG de la SNCF. 

Si le projet de LGV était abandonné, la nouvelle pourrait également avoir un impact sur le financement auquel est soumise la CAPB pour la LGV Tours-Bordeaux. La Communauté d'agglomération avait contesté les 14 millions d'euros qu'elle devait payer en arguant que les engagements pris par la SNCF en échange de cet investissement n'avaient pas été respectés et ne pouvaient pas l'être.

Déboutée en première instance, la CAPB a fait appel de la décision devant le tribunal administratif de Bordeaux. Le jugement devrait intervenir d'ici un an. L'abandon de la LGV sur le tronçon du Pays Basque donnerait un argument supplémentaire à la CAPB pour ne pas s'acquitter de la somme. 

Forte opposition au Pays Basque

Le projet de LGV, qui est sur les rails depuis 2012, rencontre une forte opposition au Pays Basque. Les associations environnementales y sont opposées depuis le début. Réunis en collectif au sein du Cade (Collectif des Associations de Défense de l’Environnement du Pays Basque et du sud des Landes), elles avaient engagé de multiples recours.

Victor Pachon, membre du collectif, salue l’annonce faite d’un possible abandon du projet : "On se réjouit tout en restant prudents. Ce n’est pas la première fois qu’il y a des annonces en ce sens et, à chaque fois, les lobbys avaient arpenté les couloirs des ministères pour inverser la donne." Le Cade restera très vigilant à la fois aux annonces futures faites sur la LGV mais aussi aux détails qui seront donnés sur la réhabilitation de la ligne. "Nous serons très attentifs, comme nous l’avons toujours été, à ce que cela ne nuise pas aux riverains" prévient V. Pachon. 

L’opposition à la LGV ne s’arrête pas là puisque l’ensemble des élus de la Communauté d’agglomération Sud Pays Basque avaient voté contre le projet en décembre 2016. Ils souhaitaient une modernisation de la ligne déjà existante. S’ils ont obtenu satisfaction sur le volet de la modernisation, reste à savoir ce qu’il adviendra du volet LGV. Mais il semblerait que la SNCF ait choisi de laisser le brûlant dossier de la LGV au second plan. Tout au moins pour le moment.