Béatrice MOLLE-HARAN

La Fête n’est pas synonyme d’oubli et d’indifférence

EDITO - “Symptomatique,les deux hommes forts de ce territoire, JR Etchegaray maire de Bayonne président de la CAPB, et J.J Lasserreprésident du Conseildépartemental étaient à Aiete en 2011”

C’est l’été. Et sa sempiternelle saison touristique entraînant son lot de fêtes. Et parfois, hormis Bayonne, Iruñea et quelques autres, de bonne humeur obligée. Au milieu de cette torpeur estivale le Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK) livre les conclusions définitives de son débat interne. Un texte fort intéressant, de quelque point de vue que l’on se place, approuvé par plus de 80% des prisonniers ayant participé au vote. Et ouvert aux détenus en désaccord avec la ligne de la gauche abertzale. Un effort de transparence à souligner tant la culture de la lutte armée et de la clandestinité dont sont issus la plupart, engendrent des pratiques peu démocratiques, par essence.

Au-delà du fait que les prisonniers basques vont concrètement utiliser les moyens légaux pour bénéficier des mesures auxquelles ils ont droit, ce texte aborde plusieurs sujets. Et remet les pendules à l’heure. Les détenus basques emploient à plusieurs reprises le mot “otages” pour se qualifier. “Otages” des gouvernements espagnol et français précisèment. Après une phase de “résistance”, le Collectif souhaite ne faire plus qu’un avec ce qui se passe dehors. “Notre désir n’est autre que celui d’être un citoyen ou un militant de plus comme ceux qui luttent dans la rue.”

La problématique des détenus basques, que cela soit au Nord ou au Sud du Pays Basque, fait au moins consensus sur trois points : la nécessaire fin de la dispersion et le rapprochement, la libération des prisonniers malades et l’application du droit commun concernant les demandes de libération conditionnelle dont pourrait bénéficier 31 détenus. Face à l’inertie des gouvernements espagnol et français depuis bientôt six années l’arc-en-ciel politique de ce pays, de la droite à la gauche, hormis le PP (Parti populaire) et le FN (Front national) est en symbiose.

Symptomatique, les deux hommes forts de ce territoire Jean-René Etchegaray maire de Bayonne, président de la CAPB et Jean-Jacques Lasserre président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques étaient ensemble à Aiete en 2011, lorsque fut déclaré le cesse-le-feu définitif et unilatéral d’ETA. Ensemble à Paris lundi dernier lorsqu’une délégation de parlementaires et de personnalités de la société civile a rencontré plusieurs représentants d’organismes officiels et du ministère de la Justice concernant ce dossier. Même les représentants de la France insoumise et du Parti communiste peu enclins aux revendications de ce type étaient présents. Non qu’ils approuvent la finalité politique de la gauche abertzale, mais on suppose au nom d’une certaine idée de la justice et aussi d’un certain pragmatisme.

Qui aujourd’hui a intérêt à laisser perdurer une situation de conflit larvé quand la pratique de la lutte armée a été définitivement abandonnée ? Et le désarmement acté. Un nouvel exécutif est en place à Paris, l’espoir est encore permis et l’optimisme doit être de rigueur, tant ces revendications sont portées par une majorité civile et politique de ce territoire.

Les fêtes de Bayonne se préparent, nous y reviendrons la semaine prochaine. Au coeur de la foule, des rencontres souhaitées, parfois des esquives, des lendemains ensoleillés ou de gueule de bois souvent moroses et sinistres, la question cruciale de l’avenir de ce pays est toujours présente.

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