Béatrice MOLLE-HARAN

Le bref passage de François Bayrou à la Justice

La démission de l’élu local bayonnais Mathieu Bergé résume bien le désarroi de cet électorat qui a vu avec défiance l’incapacité de mener le combat groupé

La nouvelle est tombée mercredi matin : François Bayrou quitte le gouvernement Macron suite à l’enquête préliminaire visant des emplois fictifs présumés concernant le Modem, parti dont il est président. Après le départ du ministre Richard Ferrand, empêtré dans une affaire immobilière et celui de Sylvie Goulard, ministre de la Défense (Modem), la démission de François Bayrou, ainsi que celui de son bras droit Marielle de Sarnez, ministre des Affaires européennes, sonne le glas de la carrière ministérielle du maire de Pau. Nous ignorions à l’heure de notre bouclage si ce départ était volontaire ou provoqué par Emmanuel Macron qui, au vu des résulats des législatives, n’a pas besoin d’alliés. Encombrants de surcroît.

Il n’empêche que le recyclage annoncé de Richard Ferrand et de Marielle de Sarnez en présidents éventuels de leurs groupes parlementaires n’est pas un bon signal pour un gouvernement qui se targue de vouloir moraliser la vie publique. Plus d’un électeur sur deux ne s’est pas rendu aux urnes dimanche dernier. Avec ce taux historique d’abstention, d’aucuns mettent en doute la légitimité du Parlement. Et ce genre de recyclage corrobore l’idée que cette institution n’est finalement qu’une chambre d’enregistrement aux pouvoirs limités. Encourageant la posture de ceux qui dénoncent le “tous pourris” et se réfugient dans l’abstention. Il est à noter que dans l’affaire du Modem, il ne s’agit pas d’enrichissement personnel, mais de fonctionnement de parti. Dans le cadre de la législation européenne, les assistants parlementaires des députés européens n’ont pas de locaux ni au Parlement européen, ni dans les circonscriptions de leurs députés, ce qui peut engendrer des pratiques hors la loi. Concrètement payer avec les crédits dévolus aux assistants parlementaires, des permanents du parti employés à temps partiel au service de l’euro député.

Quant aux répercussions locales, s’il est encore trop tôt pour mesurer les conséquences de cette crise au centre et à droite, il est intéressant de remarquer que l’UDI a décidé de faire alliance avec les “constructeurs” issus des Républicains. De fait, ce dernier parti est divisé en deux groupes parlementaires. Et les répercussions seront notables lors des prochaines élections sénatoriales, voire municipales qui se profilent à l’horizon. Si Emmanuel Macron, au vu du dépassement obtenu de la majorité absolue, n’a pas besoin d’alliés, le président du Modem François Bayrou fort de son groupe parlementaire de 42 députés reprendra peut-être plus aisément sa liberté de parole face à l’hégémonie des députés En marche !

Du côté de la gauche et du Parti socialiste, la démission de l’élu local bayonnais Mathieu Bergé résume bien le désarroi de cet électorat qui a vu avec défiance l’incapacité de mener le combat groupé. Mathieu Bergé ajoutant même que le PS était désormais un obstacle à une nécessaire union des forces. Concernant le mouvement abertzale, pas de triomphalisme certes, mais des résultats stables qui au vu de ce nouveau contexte politique mérite aussi une réflexion profonde quant à la stratégie adoptée pour élargir le socle du mouvement, sans tabous ni reniement, mais avec ouverture.

Une bonne nouvelle : l’entrée en force des femmes dans l’hémicycle, elles seront 223 au lieu de 155 sous la précédente législature. Reste à savoir quelles commissions elles occuperont. Au gouvernement, si la parité est respectée, elles occupent des postes moins élevés que les hommes. Le chemin est encore long pour la moitié du ciel.

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