Chloé REBILLARD

Le collectif Etorkinekin se joint à l'appel

Près de 400 associations ont lancé un appel public à l'intention du nouveau Gouvernement français afin d'organiser un débat sur la manière dont sont accueillis les migrants dans l'Hexagone. Parmi elles, le collectif Etorkinekin qui oeuvre au Pays Basque pour accompagner les migrants au quotidien.

Début janvier, les migrants étaient plus de 4000 dans la jungle de Calais. © Nathalie BARDOU
Début janvier, les migrants étaient plus de 4000 dans la jungle de Calais. © Nathalie BARDOU

Un appel réunissant 398 organisations

Le 20 juin marque la journée internationale des réfugiés, l'occasion pour les nombreuses organisations qui oeuvrent au quotidien à leurs côtés de rappeler les manquements des différents gouvernements sur la question et d'interpeller l'exécutif fraîchement désigné. L'objectif : opérer un virage net qui infléchisse les politiques migratoires.

Amaia Fontang, porte-parole du collectif signataire de l'appel Solidarité-migrants Etorkinekin, s'offusque des conditions actuelles et juge l'Etat français "indigne". Dans le communiqué publié, les associations souhaitent : "l'organisation d'une conférence nationale d'urgence pour qu'émergent des politiques alternatives d'accueil." L'appel intervient alors qu'à Calais des migrants sont privés d'accès à la distribution de nourriture par des forces de police et que des acteurs de l'aide aux migrants subissent des pressions, notamment judiciaires et policières.

Le décès d'un chauffeur sur l'autoroute  

La journée d'hier a également été marquée par le décès d'un conducteur de camion dans la nuit du 19 au 20 juin, dans un accident provoqué par des barrages artisanaux dressés par les migrants dans l'autoroute A16. Neuf personnes interpellées dans un poids lourd ont été placées en garde à vue, soupçonnées d'être à l'origine du barrage qui a provoqué le dramatique accident.

Amaia Fontang se dit "atterrée" par ce drame humain qui lui évoque les autres drames qui se jouent bien trop régulièrement à la frontière. L'association Calais Migrant Solidarity recense 21 migrants tués en tentant de passer la frontière qui sépare le territoire français de la Grande-Bretagne pour l'année 2015, dont de nombreux dans des accidents de la route. La responsable du collectif Etorkinekin pointe du doigt la responsabilité des autorités et juge ce nouveau drame comme étant "la conséquence d'une situation qui se dégrade depuis des années."

Le Pays Basque, un territoire à l'écart ?

Le Pays Basque ne constitue pas l'un des points chauds de l'Hexagone, comme Calais ou Vintimille. Néanmoins, le territoire n'en reste pas moins une zone frontalière et avec le durcissement progressif des politiques migratoires à l'échelle européenne, les migrants sont poussés à trouver de nouvelles routes. Certains d'entre eux remontent d'ores et déjà l'Etat espagnol et passent la frontière pour accéder à des pays européens situés plus au nord.

Même si cette route demeure peu empruntée, Amaia Fontang voudrait changer le regard de ceux qui transitent par le territoire basque sur l'accueil dont sont capables ses habitants. Car pour l'instant, la plupart souhaitent pousser la route plus loin au nord pour gagner d'autres pays. "L'Etat français, qui se prétend pays des droits de l'homme, devrait s'interroger sur les conditions d'accueil qui y sont proposées puisque la majorité ne souhaite pas rester en France", conclut-elle.