Virginie BHAT

Les élus s'opposent à la fermeture programmée de la chirurgie ambulatoire à Ispoure

D'ici à août 2018, la clinique de la fondation Luro devrait fermer son service de chirurgie ambulatoire. Les élus du territoire appellent la population à se mobiliser. 

Le collectif des 21 maires appelle la population à se mobiliser le 3 juin prochain. ©Bob EDME
Le collectif des 21 maires appelle la population à se mobiliser le 3 juin prochain. ©Bob EDME

"La chirurgie ambulatoire à la clinique de la Fondation Luro est appelée à disparaître", dénonce Claude Barets, maire d’Ispoure. "On ne peut pas l’accepter." Ce matin, des maires des anciens cantons de Garazi, Baigorri et Iholdy se sont rassemblés devant la mairie d’Ispoure. Leur collectif, composé de vingt-et-un édiles, a voulu ainsi pointer du doigt la suppression programmée, d’ici un an, de ce service de la clinique privée installée dans le village.

"C’est l’ARS [ndlr. Agence régionale de santé] qui pilote cette fermeture, assure le maire d’Ispoure. Nous ne sommes pas d’accord avec sa position." Le collectif estime qu’il faut maintenir la chirurgie ambulatoire sur ce territoire d’autant plus que, de 2015 à 2016, le nombre d’actes était en augmentation de 15%.

En 2015, 597 actes avaient été réalisé par ce service où un ophtalmologiste et deux gastro-entérologues interviennent pour des endoscopies et interventions ophtalmologiques. Les élus ne comprennent pas que, hausse à la clef, on ferme ce service. "Le nombre d’interventions n’était peut-être pas à l’équilibre mais en faisant venir d’autres spécialistes, il y avait moyens de parvenir, si ce n’est pas à la rentabilité, au moins à l’équilibre."

"Depuis quelques années, le service qui ne dispose que d’une seule place accumule les déficits", note Madeleine Alchourroun, présidente de la Fondation. Et cette dernière de relever que la prise en charge par la sécurité sociale pour l'établissement baisse. "Et si nous avons connu une hausse entre 2015 et 2016, c’est l’effondrement total depuis. Un chirurgien absent n’a pas été remplacé." Mais la présidente relève que la raison première de cette fermeture a été la décision de l’ARS de ne pas reconduire l’autorisation d’ouverture de chirurgie ambulatoire dans les conditions dans lesquelles le service oeuvrait. L’autorisation arrivera à son terme en août 2018.

La clinique, qui devait lancer des travaux pour se mettre aux normes, a dû faire un choix financier. Elle a opté pour un investissement sur des lits de médecine et de soins de suite et de réadaptation. "Cette décision a été un crève-coeur pour le conseil d’administration." Mais le conseil a préféré privilégier des lits de long séjour plutôt que l’ambulatoire et assurer ainsi un plus grand service de proximité. À terme, l’effectif de la clinique - 125 salariés aujourd’hui - augmentera. Autant d’emplois en faveur du bassin territorial, assure Madeleine Alchourroun.

La clinique Fondation a lancé les travaux qui doivent s’achever en 2018. "Le souci de la fondation est qu’elle doit faire des travaux pour maintenir le service de chirurgie ambulatoire. N’y avait-il pas moyens de prévoir des travaux aussi dans ce service ? Nous avons senti peu de volonté pour modifier les choses de la part de la fondation", constate de son côté le maire d'Ispoure.

Déplacements multipliés

Le service de chirurgie ambulatoire fermé, les médecins spécialistes maintiendraient par contre leurs consultations. S’ils devaient programmer une intervention, ils la réaliseraient ailleurs, à l’hôpital de Saint-Palais ou de Bayonne. Un transfert qui, pour Claude Barrests, va multiplier les déplacements. "Je vois mal les gens aller en consultation ici et en opération ailleurs. Ils iront directement à Saint-Palais ou Bayonne. Lorsqu’un spécialiste vient à la clinique, c’est une seul personne qui se déplace. Dans le futur, ce sont trentre à quarante personnes qui vont se déplacer. Il y a des aberrations."

Si les élus du territoire et la fondation se sont rencontrés à plusieurs reprises sur cette question, chacun est resté sur ses positions. Sans compter que, finalement, "à la dernière réunion, en mars dernier, le directeur a fait venir la déléguée de l’ARS départementale. Elle a bien spécifié que pour l’ARS, c’était terminé" commente l'élu du village.

Campagne législative oblige, le collectif a prévenu les candidats à l’élection. Si ces derniers n’ont pas pu se déplacer aujourd’hui, leur agenda de campagne étant déjà programmé pour la journée, certains ont déjà réagi positivement. "On verra par la suite…" relève Claude Barets.

Le collectif appelle la population à une prochaine manifestation, le samedi 3 juin, à 15 heures, à Ispoure. Un défilé autour de la fondation est prévu. Ce n’est pas tant la clinique la cible que l’ARS. "Nous espérons au moins une réponse a minima : pourquoi cette suppression et ses objectifs ? La seule explication de la Fondation est qu’il n’est pas rentable. Mais c’est le seul service qui, au sein de la clinique, perd de l'argent. La clinique est certes privée... Mais quel est le service public qui n’en perd pas ?!"