Béatrice MOLLE-HARAN

La fin d’un cycle

“Je sais qu’il ne s’agit pas d’un blanc-seing” ont été les premiers mots de la déclaration d’Emmanuel Macron le soir de sa victoire

Difficile d’anticiper ce que sera la prochaine gouvernance qui s’annonce sous le signe de la recomposition, après la décomposition à laquelle nous venons d’assister au lendemain du second tour de l’élection présidentielle et de la victoire d’Emmanuel Macron. Difficile d’anticiper avant de connaître l’identité du Premier ministre que nommera Emmanuel Macron et celles des candidats aux législatives qui seront investis jeudi 11 mai par La République en marche. Pour la première fois depuis 1969, la participation au second tour a été moindre qu’au premier tour. Avec 16 millions d’abstentions, et de bulletins blancs et nuls. Par ailleurs, les deux partis traditionnels de gouvernement, PS et LR ont été laminés et ont changé leur programme entre la présidentielle et les législatives du 11 et 18 juin. Une situation totalement inédite où pour la première fois un candidat du centre qui se dit “et de droite et de gauche” accède au sommet de l’Etat.

Pour les plus optimistes, Emmanuel Macron s’inscrit dans un courant social démocrate inspiré des pays scandinaves et souhaite redonner à son pays une centralité perdue. Elu avec 44 % des électeurs inscrits, son élection est cependant légitime même si beaucoup de voix se sont portées sur son nom afin de barrer la route au Front national. Il en fut de même en 2002. Et en 2012, le vote Hollande était surtout motivé par le rejet de Nicolas Sarkozy. C’est la loi du second tour à laquelle il est difficile d’échapper et aucun parti n’a jamais rassemblé la majorité des inscrits. “Je sais qu’il ne s’agit pas d’un blanc-seing” ont été les premiers mots de la déclaration d’Emmanuel Macron le soir de sa victoire. Pour les plus pessimistes, Emmanuel Macron est le pur produit du mondialisme et du libéralisme sauvage. Et la première mesure promise, la nouvelle loi travail par ordonnance cet été, laisse augurer de fortes tensions sociales.

L’incertitude est grande concernant les prochaines législatives, le renouvellement voulu implique que les candidats de La République en marche ne seront pas connus, ou bien issus de la droite donc rejetés à gauche et vice-versa. Pourtant la désunion dans le camp de la gauche, la crise au FN peuvent permettre à Macron d’obtenir une majorité absolue, voire relative, en surfant sur la dynamique de la victoire. Et à partir de 35 % des suffrages, la majorité absolue peut être obtenue. Il est à noter que la droite, LR et UDI, semble en meilleure posture que la gauche totalement désunie qui risque tout bonnement de disparaître. Car au-dessous de 15 % et sans allié, rien n’est possible. Reste les triangulaires voire les quadrangulaires et les nécessaires accords que cela impliquera au second tour.

Quid du Pays Basque ? Concernant la problématique de notre territoire, on ne connaît pas encore, avec précision du moins, les orientations d’Emmanuel Macron. La presse espagnole a informé que le président du PNB Andoni Ortuzar s’était rendu en compagnie du président de l’Ipar Buru Batzar Pako Arizmendi au meeting d’Emmanuel Macron à Albi afin de lui apporter son soutien. Il a pu s’entretenir avec Michel Bernoz membre de l’ équipe à Macron qui lui avait assuré “que Macron voyait compatible une Europe forte avec une France sensible aux identités telles que la basque”. D’après nos sources la question des détenus basques n’a pas été abordée. Dans un tweet, Andoni Ortuzar déclarait qu’il s’était également entretenu avec l’épouse d’Emmanuel Macron qui lui aurait indiqué, je cite, “être amoureuse d’Iparralde et de la Côte Basque”…

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