Propos recueillis par Bénédicte Saint-André

Premier tour de l’élection présidentielle : les réactions politiques

Le front républicain ne fait pas l’unanimité au Pays Basque. Retour sur les réactions politiques après la qualification d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen au second tour.

Le QG d'Emmanuel Macron à Bayonne. ©Aurore LUCAS
Le QG d'Emmanuel Macron à Bayonne. ©Aurore LUCAS

Nathalie Niel, coordinatrice En Marche pour les Pyrénées-Atlantiques :

"Je me réjouis bien entendu de la présence d'Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Au Pays Basque nous avons réalisé la semaine dernière plus de 50 actions différentes ce qui est tout à fait exceptionnel. Aujourd'hui nous repartons sur le terrain car nous devons convaincre encore davantage pour gagner le 7 mai prochain. En fait, tout recommence car ce serait une erreur de penser que c'est gagné, nous avons face à nous un adversaire qu'on ne doit pas négliger.

Concernant les législatives, c'est une commission nationale indépendante qui a été mise en place par le président d'En marche!. Elle travaille actuellement, elle a déjà remis plusieurs investitures, d'autres vont suivre comme cela a été annoncé par Emmanuel Macron qui souhaite renouveler les visages et les usages de la politique.

Aujourd'hui nous assistons à un tournant de la vie politique française qui était depuis plus de 30 ans polarisée sur deux partis politiques. Ils ont été éliminés dès le 1er tour, preuve du naufrage du tic-tac qui s'opérait depuis des années. Les Françaises et les Français souhaitent un renouvellement des pratiques et des élus, c'est ce à quoi En Marche! s'attèle. Au Pays Basque nous avons râté de peu Biarritz et Saint-Jean-de-Luz mais nous avons réalisé de très bons scores, je pense à Anglet notamment".

Jean-Jacques Lasserre, président MoDem du Conseil départemental, soutien d'Emmanuel Macron :

"Je suis satisfait de ce résultat. Ce qui m’intéresse c’est cette recherche de rassemblement adossé à des valeurs que j’essaie moi-même de mettre en application : trouver le bon équilibre entre le dynamisme économique et la nécessaire solidarité sociale.

Je trouve inadmissible que certains responsables politiques n'appellent pas clairement à voter Emmanuel Macron. Malgré les frustrations d'un soir de défaite, dire qu'on ne va pas voter Marine Le Pen sans dire clairement qu'il faut voter Macron est un encouragement implicite à voter pour elle. Cela contribue à normaliser le FN.

Sur les législatives, j'espère que nécessité fera loi. Et je souhaite en ce sens que personne ne prenne la responsabilité de gripper la mécanique de gouvernance de la France. Une majorité de gouvernance est la seule solution". 

Jean Lassalle, député de la 4e circonscription, en congés du MoDem, 1, 2% à  la présidentielle :

"J’ai pris une sacrée gigotée, ils ne m’ont pas raté… De toute façon, soit je faisais 1%, soit je me qualifiais. Je ne suis jamais dans la demi-mesure. Je n’ai pas réussi à toucher le coeur de Français. Sur le vote du second tour, je vais réunir mes troupes pour en parler. Nous sommes dans un système qui ne dit pas la vérité aux Français. Le Front National est notre invention. C’est notre lâcheté. François Mitterrand l’a largement encouragé en son temps, puis la droite. Le FN est là parce qu’on a voulu qu’il y soit, en tant que variable d’ajustement. De toute façon, il n’a aucune chance de gagner. Mais je suis contre l’infantilisation des gens par un appel au vote. Je ne suis pas sûr qu’on rende ainsi service à la démocratie. Concernant ma candidature sur la 4e criconscription, je vais prendre le temps d'y penser, je ne l'écarte pas".

Maider Arosteguy, candidate LR sur la 6e circonscription :

"C’est une énorme déception. François Fillon n’est pas parvenu à se remettre des affaires. Pour le deuxième tour, la seule certitude que j’ai, c’est que je ne voterai pas Marine Le Pen. C’est tout ce que je peux dire pour l'instant. J'attends la position de mon parti en bureau politique ce soir et le recul nécessaire à l'analyse ".

Corine Martineau, présidente du comité de soutien de François Fillon au Pays Basque, propos recueillis par Sud-Ouest :

"Si Macron gagne, on aura de nouveau la gauche. Mais Le Pen, c’est l’extrême droite et la sortie de l’Europe. On doit choisir entre la peste et le choléra. Je ne sais pas si je ne vais pas aller à la pêche. Macron, c’est un vote de gauche déguisé. En Marche, ce n’est pas un parti mais le Musée Grévin".

Max Brisson, premier vice-président LR du département, soutien d’Alain Juppé :

"La défaite de François Fillon est la conséquence d’une stratégie perdante. Le discours de plus en plus droitier a peut-être permis de grignoter des voix au FN mais nous a fait perdre une part importante d’électeurs de la droite modérée, de la droite humaniste et du centre qui ne se retrouvaient plus dans des thèmes dénonçant des complots imaginaires et s’appuyant sur la partie la plus réactionnaire de la droite qu’est Sens Commun.

Je voterai sans hésitation Emmanuel Macron, au nom de valeurs républicaines en partage. Et j’appelle les électeurs à en faire autant. Un pourcentage élevé d’électeurs ont exprimé un vote extrêmement protestataire. Il y a là une bataille à mener. Il serait dangereux aujourd’hui de considérer que Marine Le Pen est battue. Son programme est en opposition complète avec ce en quoi nous croyons. L’Europe est une chance pour la France et pas un handicap.

Il est trop tôt pour s’exprimer sur les législatives. J’ai du mal à m’inscrire dans un discours qui chercherait à imposer à un président qui n’est pas encore élu une cohabitation. C’est de la vieille politique dont les Français ne veulent plus".

Jean-René Etchegaray, président de l'Agglomération Pays Basque et président départemental de l'UDI :

"Nous assistons clairement à une recomposition du paysage politique français. J’appelle évidemment à voter Emmanuel Macron. Mais l’élection présidentielle est une chose. La constitution d’une majorité en est une autre. Les partis politiques sont mis à mal  mais il faudra bien qu’Emmanuel Macron ait une majorité. Or il n’a pas de formation politique. On risque donc une cohabitation, qui n’est pas la meilleure façon de mettre en oeuvre un projet politique".

Sylviane Alaux, députée PS de la 6e circonscription, candidate à sa succession, soutien de Benoît Hamon :

"Benoît Hamon a été le seul à faire des propositions novatrices en adéquation avec les réalités de la société d'aujourd'hui. Je suis déçue qu'il n'ait pas été entendu et je suis convaincue que la proposition d'un revenu universel fera son chemin. Concernant le vote de demain, il faut tout faire pour barrer la route au Front national".

Colette Capdevielle, députée PS de la 6e circonscription, candidate à sa succession :

"L’élimination de la gauche, dès le premier tour de l’élection présidentielle, est un désastre. Nos divisions irresponsables, conjuguées au climat d’affaires suscité par le comportement déplorable de M.Fillon et de la droite qui l’a soutenu, ont ouvert la voie au Front national, pour la seconde fois en 15 ans. J’appelle sans la moindre hésitation à voter pour Emmanuel Macron. Lorsque la République est en question, les petites affaires de boutiques électorales, qui me sont déjà très étrangères d’habitude, me semblent totalement hors de propos. Il faut être à la hauteur de ce moment historique.        

Que préfère-t-on : un candidat pro-européen, qui souhaite rassembler tous les Français autour d’une nouvelle énergie pour retrouver notre place dans la mondialisation, ou une candidate héritière d’un parti xénophobe, qui prône l’exclusion, la haine, une France étriquée et une Europe détruite ? Pour ma part, hormis la déception profonde de voir la gauche à un niveau historiquement bas, je choisis la combativité et le travail au service de mes valeurs, celles de la gauche réformiste, démocratique, républicaine, profondément européenne et sociale.

A l’heure où d’autres ne sont candidats qu’à aggraver les divisions qui nous font tant de mal, ma détermination à continuer de servir toutes les citoyennes et tous les citoyens de la 5e circonscription des Pyrénées-Atlantiques est particulièrement renforcée par les circonstances nationales".

Mehdi Ouraoui, bureau fédéral du PS 64 et conseil national, a participé à la rédaction de discours du candidat socialiste :

"Comme Benoit Hamon, qui a été impeccablement digne, je veux dire très clairement que j'appelle à battre le FN avec un bulletin Macron, même si ce dernier ne représente pas les combats de la gauche. C'est la différence entre un adversaire politique et une ennemie de la République. Je ne me réjouis pas du score du FN au Pays Basque nord (12%) mais c'est un soulagement au regard du score en France, je suis fier que le Pays Basque résiste à la haine, et il faut amplifier cette résistance.

La gauche en miettes est à reconstruire totalement, avec d'autres méthodes, avec les citoyens au coeur de cette renaissance. Les priorités sont claires : écraser Le Pen comme son père, envoyer un maximum de députés de gauche à l'Assemblée puis bâtir une nouvelle gauche."

Alain Rousset, président PS de la Région Nouvelle Aquitaine :

"Le PS ne se réduit pas à Benoît Hamon. Demain, il doit être le parti qui soutient ceux qui créent et défend ceux qui souffrent. Le défi du PS est d’être présent dans la majorité autour d’Emmanuel Macron".

Sophie Bussière, secrétaire départementale EELV, candidate écologiste sur la 6e circonscription :

"Je suis inquiète de la banalisation des scores élevés du FN. On note toutefois que le FN au Pays Basque fait quasi deux fois moins que dans l’Hexagone. Quant à Emmanuel Macron, c’est une déception. C’est la victoire de l’image, de l’apparence sur le fond et les valeurs. Il apparait comme un homme jeune, donc nouveau alors qu’il souhaite la continuité des politiques menées depuis plus de 40 ans en France, avec encore plus de libéralisme.  

Je ne parlerai néanmoins pas d’échec pour EELV. Il y a en effet un rejet de l’outil parti par les Français, donc on va devoir se réinventer, nous avons d'ailleurs commencé à le faire. Mais pour la première fois, l’écologie politique a été au centre des programmes de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon. C’est ce qu’il faut retenir.  

Pour ce second tour, nous appelons à faire barrage au Front National et à combattre démocratiquement Emmanuel Macron aux législatives en votant pour les candidats écologistes". 

Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF :

"Le second tour de l'élection présidentielle va opposer la candidate de l'extrême-droite au candidat des milieux financiers. C'est une situation grave pour notre pays.

Je suis convaincu que l'aspiration au changement, à un nouveau choix de société, à une vie politique réellement déverrouillée, à des jours heureux, continuera à grandir. Notre candidat, Jean-Luc Mélenchon, réalise un score remarquable. Le résultat de Jean-Luc Mélenchon marque un désir profond de changement vers plus d'honnêteté en politique, de justice sociale, de solidarité, de démocratie réelle, de paix et de respect de l'environnement.

Pour le second tour, le PCF appelle à faire barrage à Marine Le Pen. Nous combattrons Emmanuel Macron, que nous avons affronté quand il était ministre, chaque fois qu'il portera atteinte au monde du travail, à ses droits, à la protection sociale, aux services publics.

Nous appelons les femmes et les hommes qui ont voté Jean-Luc Mélenchon et, au-delà, les femmes et les hommes de gauche quels qu'aient été leurs choix dans l'élection présidentielle, à rester mobiliser lors des élections législatives.

Une candidature commune à gauche, en rupture avec le Hollandisme, aurait accédé ce soir au second tour. Créons les conditions de l'élection d'un grand nombre de députés de la gauche combative".

Jean-Michel Iratchet (FN) n'a pas répondu à nos sollicitations.