Bénédicte SAINT-ANDRE

Contre-pied : Une avocate de détenus basques répond à C.Taubira

Pour l'avocate Maritxu Paulus-Basurco, les explications avancées par l’ancienne garde des Sceaux ne sont ni conformes à la réalité, ni justifiables par le droit.

Maritxu Paulus Basurco
Maritxu Paulus Basurco

En déplacement à Bayonne ce lundi, l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira a tenu à défendre son bilan sur le rapprochement des détenus basques. "A partir du moment où, fin 2014, ils se sont inscrits dans le droit commun et introduit des demandes, ils ont été traités comme tout détenu, leurs droits ont été reconnus et respectés", a-t-elle déclaré.

Me Maritxu Paulus-Basurco, avocate du collectif des détenus basques, s’inscrit en faux. "La revendication d’être incarcéré au plus près de son domicile existe a minima depuis que j’ai commencé à exercer, voilà vingt ans. C’est une revendication tout simplement parce que c’est un droit. Les détenus ne devraient même pas avoir à en faire la demande. Mais comme cette disposition n’est pas respectée, ils en ont formalisées à de multiples reprises", appuie-t-elle.

Christiane Taubira fait ainsi référence dans son intervention à une demande effectuée par tout le collectif des détenus basques en 2014, explique l’avocate. Non suivi de faits. "Vu que les prisonniers politiques basques reçoivent des visites, les tribunaux considèrent que les liens familiaux sont maintenus". Pour résumer une procédure complexe, la violation de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantit le respect de la vie familiale et privée est patente mais elle n’apparaît pas comme "disproportionnée" du fait des visites.

"Les détenus basques avaient droit au rapprochement lorsque cela se justifiait", a par ailleurs indiqué l’ancienne ministre. "Je n’accepte pas cet argument. Ils remplissent tous les conditions pour être rapprochés. Pas certains plus que d’autres", rétorque l’avocate. Sur les 75 détenus basques incarcérés dans l’Etat français, seulement six sont incarcérés à Lannemezan et deux à Mont-de-Marsan, les prisons les plus proches du Pays Basque. Durant le mandat de Christiane Taubira, trois ont été rapprochés à Mont-de-Marsan pour leur toute fin de peine.