Bénédicte SAINT-ANDRÉ

Christiane Taubira, en langage diplomatique

L'ancienne garde des Sceaux a botté en touche sur la question des détenus basques ce lundi, à Bayonne. 

Christiane Taubira est venue rencontrer les membres du Conseil citoyen local mis en place par Colette Capdevielle © Bob Edme
Christiane Taubira est venue rencontrer les membres du Conseil citoyen local mis en place par Colette Capdevielle © Bob Edme

Lors de son mandat à la Chancellerie de 2012 à 2016, Christiane Taubira aura, de l'avis de tous, offert une oreille attentive sur la "question basque". D'après nos informations, elle s'en est même entretenue avec Bernard Cazeneuve quelques jours avant sa venue de Pau. Entre autres sujets abordés, le désarmement bien sûr et la situation des détenus. Un entretien qu'elle choisit pourtant de taire lors de son déplacement à Bayonne ce lundi : "Si j'en avais eu un, je ne serais pas venue le dire devant la presse. Par respect pour les règles de fonctionnement d'un Etat de droit", déclare-t-elle.

L'ancienne ministre de la Justice a néanmoins salué l'initiative du 8 avril. "Ce que j'observe c'est que cette opération s'est déroulée dans le cadre de l'Etat de droit, puisque la remise a été faite aux autorités judiciaires. J'observe également un soutien de la part des élus de toutes sensibilités politiques confondues. Et une implication de militants associatifs qui, à visage découvert, ont apporté leur force, leur présence et leur caution au bon déroulé de cette opération. J'observe enfin la supervision de l'opération par des personnalités internationales dont la moralité est également reconnue. Et compte-tenu de précédents qui ont eu lieu dans d'autres pays, il est évident que c'est un événement important, majeur. Il a d'ailleurs été souligné comme tel par le gouvernement lui-même".

"Il reviendra au gouvernement de décider de discussions éventuelles"

Le 8 avril pourra-t-il changer la donne sur la situation des détenus ? "Il ne vous a pas échappé que ce n'est pas une décision qui puisse relever de moi. Il reviendra au gouvernement de décider de discussions éventuelles qu'il aurait avec les représentants de ceux qui ont procédé à cette opération du 8 avril. Nous avons en tête ce qui s'est passé en Tunisie, au Rwanda, en Afrique du Sud, en Irlande. Et même si ce ne sont pas les mêmes situations, il y a des processus, avec des étapes. C'est au pouvoir politique de décider à la fois du calendrier et du contenu de ces étapes."

Et sur son bilan : "Lorsque j'étais ministre de la Justice, la question du rapprochement avec les prisonniers a été posée. Dans un premier temps, elle a été posée avec une vraie difficulté car eux-mêmes ne se situaient pas dans les dispositions du code de procédure pénale. A partir du moment où, fin 2014, ils se sont inscrits dans le droit commun et introduit des demandes, ils ont été traités comme tout détenu, leurs droits ont été reconnus et respectés, et ils avaient droit au rapprochement lorsque cela se justifiait. Nous sommes désormais dans un autre cas de figure. Tant qu'ils s'inscrivent dans le droit commun, ils ont le droit comme tout détenu aux dispositions du droit commun. Maintenant c'est au gouvernement qu'il appartient éventuellement de voir si c'est un point de discussion".