Goizeder TABERNA

Une vague populaire en faveur de la résolution

Des images et des mots, c’est ce qui va rester de la journée du 8 avril. De l’émotion aussi probablement, mais surtout des symboles. Une scène, une poignée de mains, des sourires, nous ne savons pas encore ce que nous retiendrons de cette journée. Mais ce qui est sûr, c’est que les symboles donnent du sens à l’événement.

Au regard des mobilisations précédentes, lors de l’opération de Louhossoa et de la conférence de presse offerte à Bilbo hier par la majorité politique et syndicale du Pays Basque Sud, il semblerait que la photo sera celle d’un rassemblement populaire et pluriel. Celle d’une société mûre, après tant d’années de conflit, à qui ETA a confié la responsabilité de son désarmement. Celle d’une vague populaire en faveur de la résolution intégrale du conflit.

Nous retiendrons peut-être l’image des principaux acteurs de ce processus de désarmement : les représentants de la société civile, les institutions basques et la Commission internationale de vérification. Pour l’instant, nous ne savons que peu de choses sur cet aspect là du processus pour l’affirmer, mais cela ne paraît pas invraisemblable.

Il ne reste donc plus qu’à bien choisir les mots. A ne laisser rien, ni personne de côté. A montrer la direction de la résolution. A transmettre aux citoyens de la confiance dans l’avenir. Le 9 avril, toutes ces personnes qui auront participé à la “Journée du désarmement” et celles qui n’auront pas pu être présentes devront sentir en elles une force nouvelle. Elle devra être collective et constructive pour relever le défis qui attend la société basque. Cela exige des engagements et une disposition à assumer certaines contradictions.

Grâce au travail de fourmi réalisé par des centaines d'“artisans de la paix” ces derniers mois, les conditions indispensables au bon déroulement du processus de désarmement d’ETA ont été créées. On se souvient, les jours qui ont suivi l’opération de Louhossoa, les forces en faveur de l’initiative de Jean-Noël Etcheverry, Michel Berhocoirigoin et de Michel Tubiana n’étaient pas aussi nombreuses au sud des Pyrénées. Du chemin a été parcouru depuis.

Reste à savoir quelle sera au final la position des gouvernements français et espagnol - car sur cette question, il semble impensable que Paris agisse sans avoir consulté Madrid -. Jusqu’à samedi soir nous serons, on l’imagine, face à des équilibres fragiles. Les risques d’un fiasco sont réels.

Mais les photos sont là. Les manifestations de décembre, la conférence pour le désarmement de Biarritz, les dernières conférences de presse… Ces moments constituent déjà un capital en faveur du processus. Et ceux qui seraient tentés de répéter de vieux schémas, tentés par le bâton ou les armes, seront seuls. Et n’auront le soutien que d’une extrême minorité de la société basque, et encore… Ceux qui croient dans une voie démocratique pour la résolution du conflit basque sont dorénavant majoritaires.

Pour autant, la responsabilité qui leur incombe est grande. Ils devront mener un processus irréversible. Et pour cela, il ne faudra pas uniquement s’attaquer aux conséquences du conflit, il faudra aussi en traiter les causes.

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