Caroline MALCZUK

Un nouveau cas de terre agricole sacrifiée à Urrugne

La vente d'une parcelle de terre à Urrugne, déclassée en zone constructible, fait réagir ELB, EHLG, BLE Lurzainda et APFPB. Ils dénoncent de nouveau la raréfaction de leur "outil de travail" en zone périurbaine. Une cellule de travail permanente sur la question du foncier agricole pourrait voir le jour à l'Agglomération Pays Basque. Mais pas avant cet été...

Une parcelle de terre, déclassée en zone constructible, a été vendue un million d'euros en décembre dernier. ©Bob EDME
Une parcelle de terre, déclassée en zone constructible, a été vendue un million d'euros en décembre dernier. ©Bob EDME

Jeudi matin, ELB, EHLG, BLE Lurzainda et APFPB avaient donné rendez-vous aux journalistes pour une conférence de presse en plein air, dans la zone d’activité de Berroueta. Après Cambo, ils révèlent un nouveau cas "où le foncier agricole est mis à mal". Une parcelle de 3,24 hectares, située près du rond-point de l’entreprise Signature, était utilisée pour cultiver du maïs. Elle a été vendue par ses propriétaires à l’agglomération Sud Pays Basque pour 1 million d’euros, en décembre dernier. Soit 30 € le mètre carré. Le terrain doit servir pour agrandir la zone d’activité.

Le collectif dénonce en premier lieu le déclassement de ce terrain en 2007, en zone AUY, dans le Plan local d’urbanisme d’Urrugne. Une zone AUY est destinée à accueillir des activités artisanales, industrielles, commerciales ou tertiaires. Le terrain a donc perdu sa vocation agricole, en dépit de sa valeur agronomique élevée, en devenant constructible. "Le foncier agricole est comme du libre service qu’on peut sacrifier pour tout projet de construction" interprètent les agriculteurs en conséquence. Une de leurs revendications est alors qu’il soit stipulé dans les documents d’urbanisme - PLU, PLUI, SCOT - que "plus aucune terre agricole ne soit classée constructible".

30 € le mètre carré

Les agriculteurs veulent aussi mettre le doigt sur le prix de vente du mètre carré, effectivement élevé. Ttotte Elizondo d’ELB précise que c’est France-Domaine qui l’a fixé à 30 €. "La propriétaire lâchait le morceau à 40 € voire 50 €." Car lorsque un terrain vaut plus de 75 000 €, France-Domaine intervient dans sa vente, sa mission étant de réguler le marché immobilier en s’assurant dabord que le prix fixé est conforme. Une revendication du collectif est alors que France-Domaine évalue le foncier agricole "en fonction de la valeur économique générée par l’activité agricole".

Enfin, ils soulèvent, après "une rapide enquête", que des locaux seraient disponibles dans la zone de Berroueta, que de la place serait aussi libre zone des Joncaux à Hendaye, "sans compter les locaux professionnels que l’on peut avoir hors des zones d’activité (en centre-ville par exemple) ou encore le recours aux friches industrielles" pour les entreprises qui veulent s’installer dans le coin.

Après l’achat de la parcelle, une réunion avait eu lieu entre ELB, Lurzaindia et Peyuco Duhart, alors président de la Communauté d’agglomération Sud Pays Basque et actuel vice-président de la CAPB. Celui-ci justifie le coût du mètre carré par le fait que ce soit classé en zone d’activité dans le PLU d’Urrugne. Les terrains à bâtir étant plus chers que les terrains agricoles. Il rappelle aussi que c’est "la propriétaire [qui] avait souhaité la mettre en vente". Mais pour Tote Elizondo, "cela aurait pu redevenir agricole". Sous-entendu, c’est aussi un choix politique, au-delà du choix personnel.

Un espace pour parler du foncier

La parcelle d’Urrugne, elle est "perdue". Et les agriculteurs peinent à s’en consoler du fait que retrouver une terre équivalente est "très compliqué" à Urrugne. La terre agricole se raréfie les obligeant à travailler sur des montagnes ou sur la corniche. Pour préserver l’activité agricole périurbaine, Ttotte Elizondo renouvelle donc son invitation de créer "un espace pour parler de ces problèmes, pour parler du foncier" au sein de la nouvelle communauté d’agglomération basque.

Lors de la réunion avec Peyuco Duhart, il en avait été question. "Ce dernier s’est engagé à lancer un travail sur le foncier agricole au sein de la nouvelle institution, par exemple, sous la forme d’une cellule de travail permanente" avance le collectif. "Je leur ai demandé trois mois" répond le vice-président. "Je dois rencontrer Michel Etchebest", autre vice-président de la CAPB, dont la compétence est l’économie et le développement des territoires. Mais aussi l'agriculture.

Le collectif réclame, lui, "la mise en place urgente de cette instance pour concrétiser rapidement des actions de défense du foncier agricole". Peyuco Duhart affirme de nouveau : "Je ne pourrai pas les recevoir avant le début de l’été." La faute à la longue mise en place de la nouvelle institution.