Virginie BHAT

Levée de boucliers contre le bus de la haine

Le bus affrété par l’association Hazte Oir a levé un tsunami de protestations outre Pyrénées. Le véhicule devait parcourir les plus grandes villes, affichant des slogans contre la transexualité sur ses flancs. A Madrid, la muncipalité a fait immobiliser le bus et le procureur de Madrid a ouvert une enquête.

Le bus de la plate-forme ultra-conservatrice Hazte Oir doit passer dans les principales villes. ©hazteoir
Le bus de la plate-forme ultra-conservatrice Hazte Oir doit passer dans les principales villes. ©hazteoir

"Les garçons ont un pénis. Les filles ont une vulve. Ne te laisse pas abuser. Si tu nais homme, tu es homme. Si tu es une femme, tu le resteras." Ce sont les slogans dont Haizte Oir a affublé son bus orange. Créée en 2005, l'association est proche des milieux ultraconservateurs outre Bidassoa. Le bus devait s’arrêter dans toutes les grandes villes des communautés autonomes.

Cette campagne orchestrée contre la transexualité des enfants a commencé son périple à Madrid lundi. Les réactions n’ont pas tardé. Le procureur de Madrid a ouvert une enquête sur cette initiative, ce mercredi matin, et la municipalité de Madrid qui considère qu'il incite à la haine a ordonné que le bus soit immobilisé dans l’après-midi d’hier. Le but étant ensuite de le chasser de la ville.

Une réaction qui répondait aux manifestations que tant les institutions que les partis, les syndicats que les organisations civiles ont organisé dans les rues madrilènes pour affirmer leur opposition à un tel message, selon le quotidien El Pais.

Campagne de la haine

"C’est une campagne de haine basée sur l’intolérance" a dénoncé Angeles Alvarez, porte-parole de l’égalité, qui a demandé à la Justice de l’interdire. La Catalogne et Madrid ont demandé au Ministère public d’intervenir. 

Pour sa part, le président de la Conférence épiscopale Espagnole, Ricardo Blazquez, a demandé le respect à l’égard des enfants.

Les organisateurs de cette campagne, que beaucoup qualifie de haineuse, ont prévu que leur bus fasse un arrêt en Gipuzkoa en réponse à une autre campagne organisée par l’association Chrysallis Euskal Herria, il y a quelques semaines. Une campagne qui avait pour objectif de sensibiliser au quotidien des jeunes transexuels ainsi que de favoriser la reconnaissance et le respect des différentes identités sexuelles.

Le bus devrait s’arrêter à Iruñea, Donostia - les 7 et 8 mars, journée où l’on célèbre la femme -, Bilbo et Gasteiz. Les voix se sont aussitôt élevées pour demander aux autorités municipales concernées d’engager toutes les mesures nécessaires pour l’en empêcher.

Rejet des maires

Le maire de Donostia, Eneko Goia, a souligné que la municipalité a une position à l’opposé de ce que promeut l’autocar de la plateforme ultra-catholique. Et veut analyser la façon de "ne pas collaborer" au passage possible du véhicule par la cité, selon Naiz. A l’instar de ses homologues d’Iruñea, Joseba Asiron et de Gasteiz, Gorka Urtaran.

De son côté, EH Bildu a fait savoir qu’il demanderait aux autorités compétentes le rejet de cette campagne et le soutien des agents qui travaillent à la défense et à la reconnaissance des personnes transexuelles.

Haitze Oir a affirmé qu’il maintiendrait la campagne de son autobus. Pour son président, l’autobus ne veut discriminer personne ni offenser personne mais simplement reconnaître un fait biologique que nous étudions tous au collège...

Ce à quoi a répondu Maria Pilar Gonzalez Solano, pédiatre et vice-présidente de la Société de pédiatrie de Madrid et Castille la Mancha, dans le quotidien El Pais : "Le sexe biologique est une chose, il est celui que l’on assigne socialement à la naissance selon nos organes génitaux. L’identité est une autre chose. C’est-à-dire, est ce qu'on se sent homme ou femme. L’identité dépend du cerveau."