Bénédicte Saint-André

Max Brisson : Jamais le budget des solidarités humaines n'a été aussi élevé

Le 16 février dernier, le budget des Pyrénées-Atlantiques a été adopté après dix heures de débat et malgré l'opposition du groupe de gauche. Pas d'augmentation d'impôts, hausse des dépenses de solidarité, Max Brisson, premier vice-président en charge du budget, répond à la salve de critiques venue de l'opposition et défend un budget 2017 courageux et rigoureux.

L'élu LR Max Brisson. © Isabelle Miquelestorena
L'élu LR Max Brisson. © Isabelle Miquelestorena

L'opposition de gauche pointe un excédent de 29 millions d'euros dans votre résultat de 2016, qui relève selon elle d'une stratégie de "cagnotte" inappropriée au vu des coupes budgétaires réalisées…

Max Brisson : Il n'existe absolument aucune cagnotte dans le budget 2017 du Conseil départemental. Les choses sont plus simples. En 2016, nous avons dégagé un résultat excédentaire. Celui-ci est le fruit, depuis notre retour aux affaires en 2015, d'une très stricte maîtrise des dépenses de fonctionnement et c'est vrai, aussi, d'une forte hausse des droits de mutation* -que l'on paie lors d'une transaction immobilière- qui ont augmenté de 18 millions d'euros.

Ce résultat nous permet d'équilibrer le budget 2017 sans aucune augmentation d'impôt. Qui s'en plaindra ? Notre situation est donc saine mais fragile. Elle est saine car nous avons rétabli un niveau satisfaisant d'épargne. Et fragile car les dotations de l'Etat ont baissé de 40 millions d'euros depuis 2013, 13 millions encore cette année. Certes, cette baisse est partiellement compensée par la hausse des droits de mutation mais il s'agit là d'une recette très conjoncturelle.

Pour la gauche, les estimations en la matière ne prévoient justement pas de baisse…

M.B :En 2013, la recette liée aux droits de mutation était tombée à 80 millions d'euros. Les années électorales enregistrent toujours une baisse. Il faut donc être irresponsable pour bâtir des dépenses structurellement durables dessus. Jean-Jacques Lasserre et moi-même, nous nous y refusons. Nous ne pouvons suivre la Gauche lorsqu'elle nous invite à la dépense sans retenue. Sa capacité à abandonner toute culture de gouvernement lorsqu'elle revient dans l'opposition m'a toujours estomaqué.

Ce budget est tout de même loin de vos déclarations alarmistes lors de votre élection en 2015. La gauche vous reproche d'avoir parlé alors d'une institution en "quasi-cessation de paiement". 

M.B : Il est irresponsable d'attribuer à ses adversaires politiques des propos qu'ils n'ont jamais prononcés. Cela nourrit les populismes. Contrairement à ce qu'affirme la Gauche, nous n'avons jamais dit que le Département était en cessation de paiement. Cette situation n'est d'ailleurs pas possible pour une collectivité locale car il existe des dispositifs d'alerte qui fonctionnent bien avant d'en arriver là. Il ne faut donc pas raconter n'importe quoi. Nous avons regardé la situation en face comme tous les exécutifs départementaux confrontés à la forte hausse des allocations individuelles de solidarité et à la baisse des dotations de l'Etat. Comme eux, nous avons déploré l'étranglement des départements à qui il revient pourtant d'assurer une part croissante du financement de la solidarité nationale. Les présidents de gauche en ont d'ailleurs fait autant. Nous ne nous sommes donc pas payés de mots, nous avons dénoncé des tendances que nous avons eu le courage d'inverser lors de notre prise de fonction. 

Lesquelles ?

M.B :Sous l'exécutif de gauche, l'endettement augmentait de 60 millions par an, la capacité de désendettement était divisée par trois chaque année, la croissance des dépenses était beaucoup plus forte que celle des recettes, quant à l'épargne nette, elle était proche de zéro. Quand Jean-Jacques Lasserre a pris la présidence, il a eu le courage d'imposer un cercle vertueux. Il a ramené le budget d'investissement à 116 millions d'euros et restauré notre épargne brute autour de 63 millions. Il a tout simplement adapté nos dépenses à des recettes en stagnation. Les résultats sont aujourd'hui au rendez-vous et cela agace l'opposition. Tant pis ! Ce qui compte c'est que cette politique nous permette cette année de financer, sans impôt nouveau, une nette hausse des dépenses de solidarité (près de 4%), ce que la gauche a bien entendu oublié de signaler.

Quid des dépenses réalisées et que la gauche juge non prioritaires au regard du nouveau cadre fixé par la loi NOTRe : aides aux entreprises, soutien à l'UPPA, à la Cité de l'Océan ou encore au Tour de France ?

M.B : Cette analyse me laisse pantois. Les dépenses à vocation économique sont essentiellement tournées vers l'agriculture et le tourisme où la loi nous donne compétence. Je ne sais pas où la Gauche a trouvé une dépense de 300 000 euros pour le Tour de France, puisque cette opération de promotion de la destination Béarn est financée par le Comité départemental du Tourisme, qui vu son succès a décidé de la renouveler.

La recapitalisation de la Cité de l'Ocean a déjà eu lieu en 2016. En fait, une part importante de notre budget d'investissement est tournée vers les communes. L'opposition semble nous le reprocher. C'est pourtant exactement ce que nous demande la loi NOTRe qui fait du Département la collectivité de la solidarité territoriale. D'ailleurs, ces 30 millions, destinés au bloc communal, nous permettent d'honorer les engagements de nos prédécesseurs.

Elle vous reproche surtout votre manque de transparence sur le sujet et dénonce un risque de clientélisme notamment concernant les communes de plus de 5 000 habitants.

M.B : J'apprécie ce procès fait a priori, cela révèle d'un état d'esprit, mais je préfère en rester au fond. Pour les communes de moins de 5 000 habitants, nous avons rétabli un règlement d'intervention qui s'imposera à tous. Il sera doté chaque année de 12 millions d'euros. Seuls les dossiers éligibles au nouveau règlement seront retenus. On ne peut être plus transparent. Parallèlement et pour toutes les communes du Département, et pas simplement les plus peuplées, nous allons également lancer des appels à projet à thèmes. Une commission où siègera l'opposition les classera en fonction de leur rayonnement, de leur dimension structurante, de leur pertinence par rapport à l'appel à projet. Pour financer ces appels à projet sur trois ans, une autorisation de programme de 24 millions a été votée par l'assemblée départementale.
 
Si l'on sort un peu du clivage politique, les travailleurs sociaux dans leur ensemble font remonter un sentiment de malaise. La fermeture des LRA, la baisse de subventions à la prévention spécialisée ont été très mal vécues et l'organisation actuelle ne paraît pas convaincre. Vous le comprenez ?

M.B : La prévention spécialisée offre des résultats très contrastés et globalement insuffisants. Nous avons donc dénoncé certains agréments et des situations où le financement des structures l'emportait sur les résultats obtenus sur le terrain. Le basculement n'est pas terminé car ce sont des procédures longues. Nous irons jusqu'au bout. Nous privilégions les politiques de terrain pas les organismes qui les remplissent à un moment donné.

La gauche pense être sur son créneau de prédilection et pourtant jamais le budget des "solidarités humaines" n'a été aussi élevé. Nous lui consacrons 331 millions d'euros sur un total de dépenses de fonctionnement de 596 millions. Sur ces 331 millions, 183 vont aux trois principales allocations individuelles de solidarité que sont l'APA, le RSA et la PCH, donc directement aux habitants de ce Département, séniors, publics en difficulté ou personnes en situation de handicap.

Certains acteurs arguent que cette hausse du budget vient en réalité de l'augmentation des bénéficiaires du RSA…

M.B : Ils connaissent mal leurs dossiers puisque les dépenses de RSA n'augmentent plus vraiment, ce sont celles de l'APA et de la PCH qui connaissent les dynamiques les plus soutenues. Le budget des solidarités est augmenté pour 2017 de 16 millions. Le poste consacré aux allocations n'en consomme que quatre sur ces 16. Il y a donc un vrai effort obtenu grâce à une forte rigueur sur toutes les autres politiques. Et contrairement à d'autres Départements, nous pouvons, en ce qui nous concerne, assumer ces dépenses toute l'année. C'est le fruit de notre effort de redressement. Il serait hasardeux de le remettre en cause comme le demande la Gauche.
 
*34 millions depuis 2013.