Bénédicte Saint-André

Bayrou propose une alliance à Macron : les réactions

Celui que l’on surnomme Henri IV et demi ne sera finalement pas candidat à la prochaine élection présidentielle. Il a proposé ce mercredi une alliance à Emmanuel Macron. Les MoDem Jean-Jacques Lasserre et Michel Veunac voteront également Macron.

François Bayrou © DR
François Bayrou © DR

"Parce que le risque est immense, parce que les Français sont désorientés et souvent désespérés, j'ai décidé de faire à Emmanuel Macron une offre d'alliance", a déclaré le président du MoDem. Ce alors que les rumeurs sur sa candidature se faisaient pourtant insistantes jusqu'à hier.

Le maire de Pau a assorti cette offre de plusieurs conditions et doit rencontrer Emmanuel Macron ce jeudi. Ce dernier a déclaré dans la foulée à l'AFP : "L'alliance proposée par François Bayrou porte sur les valeurs et les idées" et "s'inscrit pleinement dans la démarche de renouvellement et de rassemblement qui, depuis le début, est la nôtre. C'est pourquoi je l'accepte".

Jean-Jacques Lasserre, sénateur et président MoDem du Département des Pyrénées-Atlantiques : "Cette décision ne m’a pas surpris. Elle fait partie des hypothèses que nous avons évoquées ensemble. Une candidature personnelle aurait eu le mérite de porter les idées de notre courant mais elle avait peu de chances d’accéder au second tour. Cette stratégie d’alliance nous permet en revanche d’envisager une présence au second tour. Et ce, avec un haut niveau d’exigence. Les conditions que François Bayrou a posées ne sont pas vides de sens : moralisation de la vie publique, volonté de rassemblement, et respect du pluralisme ce qui sous-entend l’introduction de la proportionnelle. Je le suis complètement dans cette formule." 

Michel Veunac, maire MoDem de Biarritz : "Je me réjouis de cette décision et je le suivrai en ce sens. Il s’agit par ailleurs d’une alliance et non d’un ralliement. Les mots sont importants. On dit souvent que le Macron de 2017 est le Bayrou de 2007. Les deux ont compris à quel point le clivage droite-gauche empoisonnait la vie politique française. Ils ont également en commun leur vision de l’Europe. Quand j’ai vu François Bayrou la semaine dernière, il m’a dit que la réponse était dans son livre. Je l’ai lu avec attention et j’y ai effectivement trouvé cette idée de rassemblement, d’autant plus nécessaire avec le spectre grandissant du Front national."

Maider Arosteguy, candidate LR aux législatives et soutien de François Fillon : "François Bayrou reste dans sa logique. Il a contribué à faire élire François Hollande en 2012 et aujourd’hui il essaye de faire élire son fils naturel. Il apporte là sa caution à quelqu’un qui n’a ni vision claire, ni projet et ce malgré les propos tenus sur la décolonisation. Dire qu’on est ni de gauche, ni de droite ne fait pas un programme. Aujourd’hui, tous les jeunes politiques sont capables de travailler et avec la droite et avec la gauche mais sur un socle déjà défini. On ne sait pas chez qui dort Macron politiquement. Il est brillant intelligent, et on pourra peut-être travailler avec lui demain. Mais pour l’instant sa candidature se résume à de  l’amateurisme soutenu par de grandes puissances financières." 

François-Xavier Menou, ancien membre du MoDem, animateur local du mouvement En Marche : "François Bayrou n’a pas voulu être le Jean-Pierre Chevènement ou la Christiane Taubira qui avaient amené le Front National au second tour de la présidentielle en 2002. Il n’a pas non plus voulu être celui qui aurait pu permettre l’élection de la candidate du FN, un risque dont on n’a jamais été aussi proche. Cette question a dû évidemment peser dans sa réflexion. Je me réjouis par ailleurs de cette offre de collaboration. Il a posé les conditions d’une alliance qui me paraissent dans l’esprit de ce qu’est En Marche, loin des appareils mais sur des valeurs et un projet. Beaucoup d’anciens adhérents du MoDem se retrouvent dans ce mouvement. Cela veut bien dire qu’il y a un dénominateur commun fort entre les deux".

Mathieu Bergé, conseiller régional PS, soutien de Benoît Hamon : « Cette annonce ne me surprend pas. Comme je l’ai dit au moment où Emmanuel Macron a quitté le gouvernement, il s’est lancé dans une aventure personnelle et de droite. En France, et nous sommes bien placés pour le savoir dans les Pyrénées-Atlantiques, le centre est ni de gauche, ni de gauche. Nous sommes actuellement dans une phase de recomposition politique et j’espère que la gauche aura l’intelligence de se rassembler ».

Jean-René Echegaray, président départemental de l’UDI : "François Bayrou espère depuis longtemps , comme beaucoup de centristes dont je suis qu’il y ait un rassemblement. Il sait que le système actuel est à bout de souffle et que les primaires d’un côté comme de l’autre n’ont pas produit les effets escomptés en terme de consensus. Dans cette situation exceptionnelle comme il la qualifie lui-même, il a choisi une forme de reddition. A titre personnel, cette décision me laisse quelque peu circonspect dans le sens où je ne connais toujours pas le programme d’Emmanuel Macron. L’UDI de son côté est entré dans un exercice contraint qui est celui de faire modifier un certain nombre de points dans le programme de François Fillon. Il est aussi, c'est vrai, en train de négocier le nombre de circonscriptions qu’il pourra obtenir. Cela ne me gêne pas de le dire puisque nous sommes dans une démocratie de partis et que je ne crois pas, moi , en la fin des partis. Je réunirai dans les prochains jours le bureau départemental de l’UDI. Je ne m’exprimerais qu’après, par respect pour les militants et élus qui le composent".