Caroline MALCZUK

La Région vote une motion contre l’exploitation minière

Lundi 13 février, le Conseil régional a voté une motion contre l’autorisation de Permis exclusifs de recherche (PER) de minerais et l'exploitation minière. Un vote symbolique adressé delibérément contre le projet de la société Sudmine, qui attend justement l’obtention d’un permis.

Alice Leiciagueçahar (tout à gauche) était au premier rang lors de la manifestation de samedi. © Bob EDME
Alice Leiciagueçahar (tout à gauche) était au premier rang lors de la manifestation de samedi. © Bob EDME

C’est une première depuis le début de la polémique du Permis Kanbo, ce projet d’exploitation d’or de la société Sudmine lancé en novembre 2014, qui se heurte à l’opposition d'associations environnementalistes et d'élus locaux. Hier, le Conseil régional a voté une motion contre l’autorisation de Permis exclusifs de recherche (PER) de minerais et l’exploitation minière. Déposée par le Groupe socialiste et apparentés, les Elu-es écologistes et le Parti radical de gauche, la motion a été adoptée à l’unanimité en séance plénière. La droite, l’extrême droite et le centre n’ont pas pris part au vote.

Deux projets sont dans le viseur des conseillers de la région Nouvelle-Aquitaine : celui de la société Comidor, dont le renouvellement du PER sur le site de Villeranges a été accordé pour trois ans, le 22 décembre dernier, et celui de la société Sudmine, le projet « Kanbo : l’or du pays », qui attend pour avril l’obtention d’un premier PER dans les environs de Cambo-les-Bains. Dans leur motion, les conseillers régionaux affirment : "L’exploitation de mines d’or, cuivre, argent, zinc, antimoine, étain et substances connexes a des conséquences dommageables pour l’environnement. "

"Quand on a appris qu’il y avait une demande de permis exclusif de recherche pour le Permis Kanbo, on s’est rendus compte qu’il y en avait d’autres", explique la conseillère régionale d’Europe Ecologie les Verts, Alice Leiciagueçahar. Celle-ci a fait partie des politiques qui ont participé à la manifestation organisée contre Sudmine, samedi dernier, à l’appel des associations. La marche a mobilisé un millier de personnes à Espelette. "La population a donné son avis" interprète la conseillère régionale. C’était donc au tour de la Région de donner le sien. Voilà chose faite.

Maintenir la pression

Mais cette motion, qui va être transmise aux préfets par le président du Conseil régional, Alain Rousset, a peu de poids sur le plan légal. Car après l’étape de la consultation publique (elle se termine ce vendredi 17 février), l’obtention du permis sera aux mains du ministère de l’Economie et des Finances. "Légalement, il n’y a rien qu’on puisse faire pour freiner le projet", avoue Alice Leiciagueçahar. Elle compte malgré tout "utiliser tous les moyens qu’on a à notre disposition" pour maintenir la pression sur la société Sudmine. "On ne facilitera pas la tâche", promet-elle.

La conseillère régionale a sa solution pour exploiter les minerais. "Beaucoup de métaux rares sont en circulation en déchetterie. On devrait les recycler sans aller détruire les paysages, la biodiversité, l’agriculture." Car pour Alice Leiciagueçahar, outre les "conséquences dommageables pour l’environnement", il y a un risque de confiscation des terres. Notamment celles des agricultueurs.

Le Code minier la conforte dans ses inquiétudes. L’Etat a effectivement le pouvoir de concéder l’exploitation d’un sol à une compagnie minière dans le cas où des ressources minières se trouvent dans son sous-sol. Même si le propriétaire du terrain est contre. Il est alors difficile pour la société Sudmine, qui s’était pourtant défendue de vouloir confisquer des terres, de donner des garanties.