Virginie Bhat

Grippe aviaire : ELB interpelle les autorités

Alors que la grippe aviaire touche une nouvelle fois le grand sud-ouest, ELB appelle les autorités à alléger les mesures de biosécurité dans les petits élevages traditionnels et trouver une solution au danger de propagation du virus que représentent les transports.

ELB appelle les autorités à moduler les mesures de biosécurité en fonction des élevages. ©Isabelle MIQUELESTORENA
ELB appelle les autorités à moduler les mesures de biosécurité en fonction des élevages. ©Isabelle MIQUELESTORENA

"Il y a un petit élevage traditionnel qui, sur la commune de Pimpo dans le Tursan, tient le coup alors qu'autour de lui sept ou huit plus grosses fermes sont touchées par la grippe aviaire !" s'exclame Jean-Michel Berho, éleveur de canards à Domezain et membre d'ELB. Dans son élevage plein air de kriaxera, une souche locale de canard rustique et résistante, il se voit imposer des mesures pour ainsi dire impraticables, incohérentes et d'un coût très élevé selon lui.

Les investissements que l'on demande aux petites structures traditionnelles sont plus difficiles à répercuter. A l'encontre des autres gros élevages industriels qui peuvent lisser les coûts sur le volume de leur production.

Jean-Michel Berho et une douzaine d'autres éleveurs privilégient en plus le circuit court : un seul accouveur à Bidache les approvisionne en canetons. "Les autorités publiques doivent tenir compte de nos systèmes vertueux et ne pas leur imposer des normes de biosécurité draconiennes mais de graduer celles-ci selon le type des élevages."  

Mesures inadaptées

La grippe aviaire a une nouvelle fois touché le grand sud ouest. Et des milliers de canards prennent la route de l'abattoir afin de circonscrire la propagation du virus H5N8 d'un élevage à un autre. Devant cette attaque d'une telle ampleur, ELB a décidé d'interpeller une nouvelle fois les autorités publiques.

Les normes de biosécurité appliquées depuis des mois ont révélé leurs limites. Pour le syndicat paysan, les autorités publiques doivent s'attaquer aux vraies causes des épidémies de grippe aviaire et arrêter de porter tord aux circuits les plus vertueux. Des circuits traditionnels où les mesures de biosécurité demandées aux plus gros ne sont pas toujours transposables. Pour autant, les éleveurs traditionnels prennent toutes les mesures qu'ils jugent efficaces sur leurs exploitations respectives. 

"Que s'est-il passé depuis trente ans ? L'industrialisation des élevages avec une spécialisation et le développement des transports au sein de la filière ! C'est un système à fabriquer des épidémies."

La filière industrielle s'appuie sur des souches de canards certes très productives mais peu résistantes aux maladies et elle concentre des milliers d'individus sur des mêmes fermes. Dans des élevages où la densité est importante, la fragilité génétique de ces canards offre un barrage bien plus faible au bulldozer de la grippe aviaire. "La concentration qui favorise les mutations du virus fait la maladie", pointe du doigt l'éleveur.

Les transports, vécteurs d'épidémie

Fragilité génétique et concentration ne sont pas les seules deux raisons de la résurgence des épidémies de grippe aviaire. Il faut aussi compter sur les transports. Pour ELB, aujourd'hui la filière industrielle est très spécialisée et multiplie le recours aux transports pour amener les canards d'un lieu de production à un autre.

Or, durant ces transports, le système de ventilation mis en place dans les camions est tel qu'il permet la propagation des déjections infectés par le virus le long des chemins empruntés par les véhicules et infestent les milieux naturels et les élevages !

Des transports qui ne sont pas seulement locaux mais internationaux : une partie des accouveurs ont délocalisé la production de canetons dans les pays de l'Europe de l'Est et les rapatrient sur le territoire français pour alimenter la filière. Et Jean-Michel Berho de remarquer que la nouvelle souche de grippe qui a touché le Tarn sévit justement en Europe de l'Est.

"Il faut solutionner la question du système de transport. La préfecture des Pyrénées-Atlantiques vient justement d'interdire le transport des canards sur le département ! A l'instar des Landes. Les autorités ont décidé d'arrêter tous les camions. Donc ils savent ! Ils sont arrivés à prendre la mesure par la force des choses."