Justine Giraudel

Le PSOE laisse le champ libre à Mariano Rajoy

Dimanche 23 octobre, le PSOE décidait de ne pas s'opposer à la formation du gouvernement voulu par la droite. Une prise de position controversée au sein même de ses rangs.

Dimanche, des militants et des sympathisants du PSOE se sont retrouvés pour manifester devant le siège du parti. © DR
Dimanche, des militants et des sympathisants du PSOE se sont retrouvés pour manifester devant le siège du parti. © DR

Si aucun gouvernement n'était formé au 31 octobre, l’État espagnol serait contraint d'organiser ses troisièmes élections. C'est un PSOE déchiré qui a choisi de laisser le gouvernail au PP, en s'abstenant au cours du second vote d'investiture de Mariano Rajoy. D'un côté, les partisans de l'abstention, la présidente de l'Andalousie Susana Diaz en tête et la vieille garde du parti. De l'autre, les défenseurs du "non c'est non", pour lesquels remettre le gouvernement au PP ne ferait qu'abîmer davantage la crédibilité d'un parti déjà à la dérive.  

Sur 139 députés, 98 ont répondu favorablement à la résolution présentée par Elena Valenciano, à savoir éviter à tout prix de troisièmes élections – préjudiciables tant à l'ensemble des partis qu'à la démocratie- selon elle. Pour équilibrer la balance de l'opposition, la vice-secrétaire générale du PSOE met sur la table une série d'initiatives : dérogation de la réforme du travail, ouverture du dialogue sur la Catalogne ou renversement de la loi Mordaza. 

"Un triste jour pour le PSOE"

Une prise de position controversée au sein du PSOE et de ses alliés. Idoia Mendia, secrétaire générale du PSE-EE (parti socialiste d'Euskadi) a évoqué "un triste jour pour le PSOE". Les représentant des socialistes d'Euskadi avaient tenté de proposer une alternative à l'abstention, au moyen d'une résolution qui n'aura même pas été soumise au vote. María Chivite, son homologue navarraise, s'est montrée toute aussi déçue, appelant à une abstention limitée "je ne crois pas que Marinao Rajoy ni le PP ne méritent 85 abstentions".

Le député gipuzkoar Odón Elorza contreviendra à la décision du comité fédéral. Son "non" à l'investiture de Mariano Rajoy sera pris "en toute conscience" a-t-il annoncé. Le député fait appel à "l'éthique" et au "respect de l'engagement électoral et du projet de changement" porté par son parti, dont la crédibilité est mise à mal estime-t-il.

Du côté de la Catalogne et de l'Aragon la dissidence se fait elle aussi entendre. Début octobre, le secrétaire général du PSOE Pedro Sánchez démissionnait de son poste après avoir été mis en minorité par les instances dirigeantes du parti, accusé de "bloquer la situation politique" du pays en refusant de dérouler le tapis rouge à M. Rajoy.

Ce dernier a par ailleurs salué la décision des socialistes, la qualifiant de "très raisonnable" et promettant "un grand avenir" à l’État espagnol si la volonté de tous était au rendez-vous. Dans une interview accordée au journal Gara, le politologue Ramón Cotarelo a questionné la possible régénération du PSOE, ajoutant que la décision de dimanche "n'ouvre pas la voie au PP pour quatre ans, mais pour des décennies".