Quand l'agriculture paysanne se fraye un chemin au Parc des expositions de Paris, à Biarritz on ne voit qu'elle. Le 11ème Lurrama, salon de l'agriculture du Pays Basque, attend une fois de plus des milliers de visiteurs, du 4 au 6 novembre. Le programme, riche, engagé et gourmand a su séduire l'Auvergne, invitée de cette nouvelle édition.

Voilà six ans que les agriculteurs de part et d'autres du Pays Basque se retrouvent à Biarritz. Et drainent avec eux un public en nombre - plus de 20 000 visiteurs en 2015. Une relation de solidarité et de complémentarité entre côte et intérieur, souligne l'adjoint Peio Claverie, non sans un clin d'oeil à l'évolution institutionnelle en cours. Les 5 500m2 de la Halle d'Iraty s'apprêtent à accueillir visiteurs, fermiers, chefs restaurateurs, écoles, artistes, et pas moins de 600 bénévoles.

Lurrama, c'est l'histoire d'un territoire et d'une certaine vision de l'agriculture, portée entre autres par la chambre basque Euskal Herriko Laborantza Ganbara : "une agriculture soucieuse des bêtes, des paysans, des consommateurs, des générations futures et de notre environnement". Et pour faire passer le message, le programme s'enrichit d'années en années, pour le plus grand bonheur de tous ses invités.  

Un panier 100 % local

Réunis en conférence de presse dans le salon de la mairie hôte, les représentants de l'association sont venus présenter la thématique de l'année. "Quelle agriculture dans mon panier ?", la question est cruciale et détermine les engagements de chacun. Ici, la réponse est claire : on veut du bon, du local, et du sain. "Mais la volonté paysanne et celle du consommateur ne suffisent pas à promouvoir 'le manger local', souligne Maryse Cachenaut, membre de l'association organisatrice. La volonté politique est elle aussi primordiale."

Comment s'organiser à l'échelle du territoire, comment légiférer en ce sens ? Tout au long des trois jours, conférences et projections s'enchaîneront pour apporter des éléments de réponse et ouvrir le débat. Le documentaire de Pierre Béccu "Regards sur nos assiettes" parvient à résumer les enjeux, expliquent les organisateurs. Le budget des familles consacré à l'alimentation a chuté de 25 % à 14 % en une dizaine d'années et 80 % de l'achat de denrées vient alimenter les grandes enseignes.

Paradoxe, la demande en produits locaux ne fait que croître, tout comme la sensibilité des consommateurs à l'égard des scandales alimentaires – "Faut-il cesser de tuer des animaux pour se nourrir ?" interrogera d'ailleurs une table ronde, samedi à 15h30, une question particulièrement prégnante dans l'actualité de cette année.

Entre autres morceaux choisis, vendredi à 15 heures la première rencontre interrogera la gouvernance alimentaire - "Comment un territoire s'organise-t-il pour se nourrir ?" - en s'appuyant sur des exemples concrets d'ici et d'ailleurs et sur le témoignage du Conseil des élus, qui planche actuellement sur la question.

Périco Légasse, parrain de Lurrama

Lui, sait comment remplir son panier : Périco Légasse parrainera cette 11ème édition. Rédacteur chef de la rubrique vins et gastronomie du journal Marianne, il est aussi animateur de l'émission "Manger c'est voter" sur Public Sénat, l'auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, un fervent défenseur de l'agriculture paysanne et un des grands opposants à l'agro-industrialisation et son corollaire, la malbouffe. Ajouter à ça l'attachement à ses origines basques et la mayonnaise ne pourra que prendre.

Il a par ailleurs préfacé le premier ouvrage de Lurrama, co-édité avec la maison d'éditions Elkar. 25 chefs, 25 paysans, 25 produits, 25 rencontres qui ont donné lieu à 25 recettes. Un livre entièrement bilingue, aussi pédagogique que beau, vendu au prix de… 25 euros bien sûr, pendant le salon et bientôt en librairie.

L'expérience auvergnate

Après la parrain, place aux invités : l'an dernier, la Normandie était à l'honneur, cette année c'est à l'Auvergne de convier ses paysans, ses produits et ses bestiaux au Pays Basque. De quoi se gaver de cantal, Saint-Nectaire, Blau et autre Salers. Et pour les réfractaires au fromage, on conseille les lentilles vertes du Puy (testées et approuvées). A noter, vendredi soir, le lycée hôtelier de Biarritz participera à faire découvrir les produits de cette région.

Les paysages montagneux auvergnats ont de fortes correspondances avec la montagne basque, explique Bixente Eyherabide. Au milieu des volcans, l'agriculture est aujourd'hui à un tournant : celui des filières de qualité. Délaissées après-guerre au profit d'une agriculture intensive, elle font tant bien que mal leur retour mais peinent à trouver les moyens nécessaires au maintien et à l'installation de nombreux paysans. En participant au rendez-vous, des habitants viendront témoigner de leurs difficultés mais aussi de leurs réussites. 

Trois jours intensifs

Lurrama, c'est aussi un marché fermier, des dégustations, des démonstrations (tonte, traite, extraction du miel), des concours, des repas… Et un chapiteau de 800m2 dédié à l'accueil des enfants, entre jeux, ferme pédagogique, balades en calèche, accrobranche et lectures, les petits pourront profiter du salon, comme les grands. 

Trois journées pour s'interroger et déguster, voir et toucher. La proposition est déjà fort alléchante. Et si on vous dit que s'ajoute à ça le concert gratuit des paysans-rockeurs The Inspector Cluzo, tout droit venus de leur ferme pédagogique des Landes - vendredi à 23 heures -, une performance artistique de trois heures qui réunira Asisko Urmeneta à la peinture, et Jean-Christian Galtxetaburu à la musique – samedi à 15 heures – des défis de sports traditionnels, des spectacles de danse, des txaranga, des défilés de géants… N'en jetez plus ! Et réservez vos 4, 5 et 6 novembre. 

Entrée 4 euros pour les plus de 15 ans.
Retrouvez les informations, préventes pour les repas et le programme détaillé sur le site internet.