Justine Giraudel

Le PNV à l'heure de l'alliance

Avec 29 députés, le PNV (Parti nationaliste basque) peut d'ores et déjà se targuer d'une majorité relative au Parlement de Gasteiz. Pour l'absolue, tous les scénarios sont possibles.

Itxaso Atutxa, Andoni Ortuzar et Iñigo Urkullu. © Marisol RAMÍREZ/ARGAZKI PRESS
Itxaso Atutxa, Andoni Ortuzar et Iñigo Urkullu. © Marisol RAMÍREZ/ARGAZKI PRESS

Ce jeudi 29 septembre, le PNV entame sa ronde des négociations. Les 400 000 voix recueillies font des jeltzale les grands vainqueurs du scrutin du 25 septembre, sans pour autant leur conférer la majorité absolue au Parlement. Il manque encore 9 sièges pour atteindre le seuil fatidique des 38 et faire élire leur lehendakari en première instance. L'heure est à la recherche d'alliance, grande spécialité du parti.

Le nouveau gouvernement devra être formé au plus tard courant novembre, avec à sa tête Iñigo Urkullu, en place depuis 2012. Au lendemain des résultats, Andoni Ortuzar (président de Euskadi Buru Batzar-EBB) annonçait toutes les hypothèses ouvertes pour la formation d'un gouvernement "fort et stable". Le porte-parole au Parlement de Gasteiz, Joseba Egibar, évoquait même de son côté une gouvernance "en solitaire".

Si le champ est laissé libre, il semble tout de même fortement balisé et se diriger vers les socialistes d'Euskadi (9 sièges), compagnons de route du PNV sur la dernière mandature. Le processus de discussion ne part pas de zéro, a rappelé A. Ortuzar sur les ondes de Radio Euskadi. "A l'évidence, il existe un accord avec le PSE, tant dans les "Diputaciones" que dans certaines mairies. Et au cours du gouvernement antérieur, un pacte de stabilité pour la relance économique et l'emploi a été noué, dont nous sommes satisfaits et auquel nous ne renonçons pas."

Cette semaine sera celle de la tournée des partis pour le PNV, et les rencontres vont s'enchaîner. La première avec EH Bildu (17 sièges), ce jeudi 29 septembre. Arnaldo Otegi a réitéré son offre de "grand accord" auprès du PNV et de Podemos, basé sur un plan social, des mesures contre l'austérité, la résolution du conflit et une démarche claire vers la souveraineté. Mais le président de EBB a fraîchement accueilli le discours post-résultats du leader de la gauche abertzale, et lui demande de clarifier la position de la coalition : "force politique supplémentaire" ou "force de rupture" ?

Quant aux autres formations, Podemos (11 sièges) a d'ores et déjà annoncé son refus de toute alliance de gouvernance, pour camper une opposition "différente, constructive, ferme dans ses convictions et capable de générer davantage de confiance". Le PP (Partido popular) a entrouvert une porte "sans aventures souverainistes ni solutions populistes pour Euskadi".

Mais avec 57 sièges sur 75, le droit de décider (EH Bildu, Podemos et PNV) serait peut-être le premier véritable grand gagnant de ce scrutin, chacun empruntant sa propre stratégie et donnant sa propre définition. A voir la façon dont il intègrera les débats et les fameuses alliances ponctuelles du PNV.

La formule économie et consensus

Au Pays Basque Nord, la conférence de rentrée du PNB a été l'occasion pour Pako Arizmendi, le président de son organe de décision, l'Ipar Buru Batzar, de dresser le bilan de ces résultats qualifiés de "superbes". "Les gens nous ont fait confiance alors que nous sommes un parti de gouvernement, ce qui a tendance à cristalliser les crispations et les frustrations des gens."

Selon lui, "le pragmatisme" du programme, misant en particulier sur "l'économie génératrice d'argent et d'emploi", aurait fait mouche, aidé par un contexte politique particulièrement chaotique dans l’État espagnol - où se profilent de troisièmes élections. "Ce qui nous intéresse, c'est la stabilité, gage de sécurité pour les investisseurs et pour les créateurs d'emploi."

Economie et consensus, une formule qui peine à rassembler les foules et les voix en Pays Basque nord, admet-il, lui qui table sur l'EPCI unique pour accentuer la présence du PNB au nord. "Le parti nationaliste basque est souvent considéré comme un parti de droite (…), mais moi ce que je dis aux gens c'est mettez-nous où vous voulez mais regardez le travail que nous faisons, notre programme, et comment on fonctionne. Sur trois euros récoltés, deux partent pour la santé, le social et l'éducation, par exemple. On ne peut pas nous qualifier d'être un parti soutenant le grand capital."