Ximun Larre

La place des Basques dans le monde selon Juan Jose Ibarretxe

Eusko Ikaskuntza a organisé le 23 septembre, un forum sur la diaspora basque à Baigorri. Une journée de travail à laquelle participait l'ancien lehendakari Juan Jose Ibarretxe. Il y a livré une réflexion sur la place des Basques dans le monde.

Le maire de Baigorri, Jean-Michel Coscarat et le président d'Eusko Ikaskuntza, Iñaki Dorronsoro ont présenté la journée.©Bob Edme.
Le maire de Baigorri, Jean-Michel Coscarat et le président d'Eusko Ikaskuntza, Iñaki Dorronsoro ont présenté la journée.©Bob Edme.

Vendredi 23 septembre à Baigorri, Eusko Ikaskuntza organisait un forum participatif sur la diaspora basque. Une vingtaine de personnes d'horizons divers a travaillé sur la question durant la journée. L'ancien lehendakari (président de la Communauté autonome basque),  Juan Jose Ibarretxe, ouvrait pour sa part les travaux, avec un exposé sur la diaspora. Et posait finalement la question de la place du Pays Basque dans le monde.

Juan Jose Ibarretxe, universitaire, diplômé d'économie politique, a repris ici les grandes lignes de ses travaux au sein de l'Agirre lehendakaria center. Un centre d'études interdisciplinaire autour des sciences sociales, lié à l'Université du Pays Basque. L'universitaire collabore dans ce cadre avec les universités américaines Columbia de New York et George Mason de Virginie.

L'ancien lehendakari a d'emblée précisé qu'il fallait parler de diasporas. Un pluriel qui est de mise tant les réalités peuvent être différentes. "La diaspora de Californie, plutôt traditionnelle, n'a rien à voir celle, très récente, des gens travaillant dans les multinationales de New York".

Juan Jose Ibarretxe a rappelé l'importance de ces dernières. "Une population d'environ trois millions de personnes" qui constitue ce qu'on appelle parfois la "huitième province". Située principalement en Europe, en Amérique du Nord et du Sud. Et parfois dans des endroits plus inattendus comme les Philippines.

Si les situations des diasporas peuvent être différentes, "à l'intérieur d'une diaspora on ne retrouve pas les divergences que l'on peut trouver en Pays Basque", insiste Juan Jose Ibarretxe. "Les basques s'y mélangent, vivent ensemble qu'ils soient de Guipuzkoa, de Navarre ou du Nord, comme on le retrouve chez d'autres peuples touchés par ce phénomène de diaspora".

Quand un des pères fondateurs des Etats-Unis vantait le peuple basque

L'ancien lehendakari évoque également le regard porté, par les autres, sur le peuple basque. Un regard bienveillant et admiratif chez Victor Hugo. Ou chez John Adams, un des pères fondateurs des Etats-Unis (deuxième président de 1797 à 1801, ndlr), qui s'inspira des institutions observées dans la province de Bizkaia lors d'un voyage en 1779, pour participer à la rédaction de la constitution américaine. Pour John Adams il s'agissait tout simplement d'un "peuple extraordinaire, ayant préservé sa langue, sa culture et ses institutions".  

La réflexion de Juan Jose Ibarretxe le conduit alors à s'interroger sur la taille d'un pays pour être reconnu dans le monde. Et celui-ci de montrer, chiffres à l'appui, la place d'Etats modestes par leur dimension, mais sortant du lot dans la mondialisation actuelle. Une compétition dans laquelle le Pays Basque a toute sa place selon lui.

Et celle d'indiquer le sens de l'histoire. "L'Europe est passée de 20 états en 1914 à 47 en 2014". Avant d'envisager une carte de l'Europe en 2030 avec des Etats écossais, flamand, catalan et basque. Une manière de rappeler son attachement au droit à décider.

"Une réponse à un monde menacé par l'homogénéisation"

Pour Juan Jose Ibarretxe l'identité nationale est "une réponse à un monde menacé par l'homogénéisation". Des propos issus des travaux de Montserrat Guibernau, universitaire catalane, spécialiste des nationalismes. Mais l'homme ajoute : "la défense de l'identité basque, de la culture et de la langue n'est pas seulement lié à un projet politique".