Ximun Larre

Biarritz : des caméras en question

Depuis le mois de juillet, la Ville de Biarritz s'est équipée de caméras de vidéo-protection dans le centre-ville mais certains policiers s'inquiètent de leur efficacité. Un questionnement qui ravive le débat sur l'efficacité de la vidéo-protection.

Actuellement il y a neuf caméras autour du Casino et quatre dans l'esplanade Clémenceau.©Gaizka Irroz.
Actuellement il y a neuf caméras autour du Casino et quatre dans l'esplanade Clémenceau.©Gaizka Irroz.

La Ville de Biarritz compte depuis le mois de juillet treize caméras de vidéo-protection, placées sur le Casino municipal et l'esplanade Clémenceau. Leurs images peuvent être utilisées par la police, si nécessaire, pour les besoins d'une enquête. Le représentant du syndicat Alliance au Pays Basque Nord, Richard Benoit, déplore que ces images soient "inexploitables" dans le cadre d'une enquête judiciaire.

"Le matériel n'est pas adapté dans le cadre d'une enquête, avec des images floues ou lointaines", estime le syndicaliste. Il regrette que la police n'ait pas été consultée dans le choix du matériel, parlant "d'argent public perdu". Le montant de ces caméras s'élève à 54 000 euros selon les services de la Ville.

Le directeur général de la Ville de Biarritz, Christophe Landrin, réfute les arguments du syndicaliste. "Concernant la vidéo-protection, le paramètre essentiel est d'abord de savoir si on met en place un CSU [Centre de supervision urbain, ndlr.] permettant de visionner en temps réel les images, avec des caméras mobiles munies de zoom. Choix qui représente des coûts très élevés. La solution retenue ici est celle de caméras filmant en continu des plans larges, il ne s'agit pas des mêmes installations".

Selon Christophe Landrin, "les installations techniques ne posent pas de problème, les images sont nettes". Il s'agirait simplement d'une question de largeur de plan. "Evidemment lorsque l'on zoome, les images sont plus floues, mais le but est de repérer un évènement, comme des mouvements de foule, de balayer le maximum de champ sans rien perdre". Et Christophe Landrin de vanter les mérites de l'opérateur choisi, Onet Sécurité Telem, "reconnu dans l'Hexagone pour son expertise dans la vidéo-protection".

Débat politique

Au-delà de l'efficacité réelle ou supposée de ces images, le débat porte également sur la nature même de ce type de dispositif sécuritaire. Le maire Michel Veunac n'a pas souhaité s'exprimer, renvoyant vers les déclarations de Louis Vial, conseiller municipal délégué à la sécurité. Ce dernier met en avant le rôle dissuasif de ces caméras. Et souligne que la Ville n'a pas été sollicitée pour d'éventuels problèmes, à ce jour.

Guillaume Barrucq, adjoint en charge de l'environnement, de la qualité de vie et du bien-être, avoue ne pas être au fait des détails techniques du dossier. Mais il rappelle ses réticences sur ce genre de dispositif. "Les gens s'imaginent être en sécurité mais l'expérience montre que ce n'est pas toujours suffisant, comme à Nice".

Dans l'opposition, Maider Arrosteguy évoque, au contraire, une "politique des petits pas" passant selon elle "à côté de la sécurité". Avec ce type d'installation "on veut contenter à la fois ceux qui sont pour la vidéo-protection et ceux qui sont contre", considère-t-elle. Et l'élue de droite de réclamer "un choix politique assumé", synonyme de plus de moyens en la matière.