Ximun Larre

L'esprit d'Etcharry a soufflé sur Saint-Palais

Plus de deux cents personnes ont répondu, aujourd'hui 10 septembre, à l'appel d'anciens de l'AFMR Etcharry pour dénoncer la vente éclair du site historique d'Etcharry. Les manifestants ont interpellé le président de la Nouvelle-Aquitaine à l'occasion de l'inauguration de la Maison de l'agriculture à Saint-Palais.

Deux cents participants ont défilé à St-Palais, un nombre satisfaisant pour les organisateurs. © Aurore Lucas
Deux cents participants ont défilé à St-Palais, un nombre satisfaisant pour les organisateurs. © Aurore Lucas

Environ deux cents personnes ont manifesté ce matin du 10 septembre à Saint-Palais, pour dénoncer la vente du château Elgart à la Fraternité Saint Pie X, courant intégriste en marge de l'église. Et dénoncer la faillite des dirigeants actuels de l'AFMR, dans la gestion d'un symbole de la formation en milieu rural.

La mobilisation était organisée par un collectif d'anciens étudiants et formateurs de l'AFMR. Un appel relayé par EH Bai, Emazteek Diote et ELB. Au même moment, était inaugurée la Maison de l'Agriculture, antenne de la Chambre d'agriculture. Les manifestants en ont profité pour interpeller Alain Rousset président de la région Nouvelle-Aquitaine.

Il est un peu plus de neuf heures ce matin lorsque Isabelle Marco et Michel Thicoipe prennent la parole au nom des anciens de l'AFMR près de la mairie de Saint-Palais. Et les mots sont durs. "Sabotage", "liquidation du site", les gardiens de l'esprit d'Etcharry dénoncent un "désastre". Et insistent sur "le plus grand secret" entourant la vente du château Elgart. Avant d'interroger la pertinence des 70 000 euros annuels de location consacrés au site d'Ustaritz.

Autour d'eux, plusieurs générations, mémoire vivante de l'AFMR, se côtoient. Tel Jean Goyenetche, véritable gardien du temple, vingt-sept ans d'enseignement agricole derrière lui. "Cette affaire est une honte. Comment Barthélémy Aguerre et les dirigeants ont-ils pu laisser creuser un tel trou ?". Allusion aux plus de 600 000 euros de déficit accusés par l'AFMR au moment de la vente.

Des élus sont dans les rangs, comme les conseillers régionaux Andde Sainte-Marie et Alice Leiciagueçahar. "Je suis choquée par cette vente en catimini. On aurait pu chercher à résoudre les problèmes autrement. On aurait pu vendre à une collectivité territoriale", pense l'élue écologiste. Nombre de figures du monde agricole sont également là. Michel Berhocoirigoin est venu exprimer "un sentiment de désolation et de colère et la perte d'un outil formidable au profit d'une cause désastreuse".

L'inauguration de la Maison de l'agriculture chahuté

A quelques centaines de mètres de là se déroule l'inauguration de la Maison de l'Agriculture, en présence notamment du préfet des Pyrénées-Atlantiques, Pierre-André Durand, du président de la Chambre d'agriculture, Guy Estrade, du président de la FNSEA, Xavier Beulin, et bon nombre d'élus locaux dont Barthélémy Aguerre. Le président de la Région Nouvelle-Aquitaine est attendu d'un moment à l'autre. L'occasion rêvée pour les manifestants d'interpeller directement certains acteurs de la vente.

Le conseil d'administration de l'AFMR, présidé par Barthélémy Aguerre, compte également parmi ses membres Jean-Pierre Goity, premier vice-président de la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques élu à la Chambre régionale d'agriculture, présent lui aussi à l'inauguration. Mais c'est Barthélémy Aguerre qui a la faveur des slogans des manifestants.

Ces derniers sont arrêtés plusieurs dizaines de mètres avant le siège. Les prises de parole officielles qui démarrent alors sont conspuées à de nombreuses reprises. L'arrivée d'Alain Rousset, quelques minutes plus tard, donne lieu à une belle bronca. Une négociation s'engage alors avec Catherine Séguin, sous-préfète de Bayonne. Le collectif veut transmettre un courrier à tous les élus locaux présents et interpeller Alain Rousset, en raison des subventions obtenues par l'AFMR au titre du financement de l'enseignement supérieur par la Région.

Alain Rousset à la rencontre des manifestants

Finalement, Alain Rousset viendra en personne écouter le collectif. Après avoir assuré qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire, le nom de Barthélémy Aguerre n'a pas tardé à être mis en avant par les manifestants. "Ce n'est pas la première fois qu'il nous laisse une affaire, j'irai lui parler", a expliqué Alain Rousset. A ses côtés, Andde Sainte-Marie tenait à réfuter certaines rumeurs. "Il faut démentir les propos de Barthélémy Aguerre selon lesquelles la vente aurait été effectuée à la demande de la Région, c'est la décision de l'AFMR, elle seule".

Alain Rousset repart sous les applaudissements des manifestants, visiblement satisfaits d'avoir été écoutés. "Les graines semées par l'AFMR" évoquées par Isabelle Marco lors de son discours, se quittent alors peu à peu. Mais il flottait encore un peu de l'esprit d'Etcharry dans les rues de Saint-Palais, lorsque les derniers manifestants se sont dispersés peu après midi.