Bénédicte Saint-André

Bayonne : divergence au sein de la majorité

En filigrane du comité de pilotage du futur EPCI, un conflit larvé au sein de la majorité bayonnaise. Au cœur duquel se trouvent Jean-René Etchegaray, le maire de la Ville et Sylvie Durruty, sa première adjointe. 

Martine Bisauta, Sylvie Durruty et Jean-René Etchegaray © Isabelle Miquelestorena
Martine Bisauta, Sylvie Durruty et Jean-René Etchegaray © Isabelle Miquelestorena

Les deux nous avaient habitués à leur relation tumultueuse. Une dimension cornélienne est en prime venue pimenter leurs échanges. Vendredi en effet, Jean-René Etchegaray reçoit Sylvie Durruty pour lui faire part de sa décision. C'est Martine Bisauta et non elle qui l'accompagnera au comité de pilotage de l'EPCI Pays Basque, l'antichambre du futur grand ensemble.

Un désaveu pour la première adjointe qui juge que les raisons invoquées par le premier édile ne tiennent pas. A savoir sa participation et celle de l'ensemble de son groupe au recours hiérarchique contre l'EPCI Pays Basque et son vote favorable à la demande d'intégration de Tarnos à l'agglomération côte-basque Adour lors du dernier conseil communautaire. Elle en veut pour preuve la présence au sein du comité de pilotage d'autres élus dans son cas tels que les maires de Bidart et Boucau, l'angloy Jean Pierre Laflaquière ou le biarrot Guy Lafite.

Et selon elle, le fait que Bayonne ait, contrairement aux villes évoquées, voté en faveur de l'EPCI ou que Martine Bisauta ait toujours défendu ce projet n'y change rien. Jean-René Etchegaray affirmait se refuser à toute chasse aux sorcières et avoir besoin de la participation de tous. "J'ai dit  et je répète que je ne pratiquerai aucune discrimination vis-à-vis des personnes qui n'ont pas, jusqu'à ce jour, soutenu la création d'un EPCI Pays Basque", réitère-t-il de son côté.  

Ainsi, même s'il dit regretter de ne pas avoir été informé du recours –"la loyauté l'eût imposé"– il lui propose, en gage de bonne foi, de devenir responsable de la commission gouvernance, en appui au fameux comité. Elle refuse, lapidaire. "Comment imaginer que des arguments justifient d'un côté mon exclusion et de l'autre permettent cette participation ? "

En outre, une telle décision s'absout selon elle de l'accord politique conclu entre les deux tours des municipales 2014, censé assurer la représentativité des deux listes et ce jusqu'à la fin du mandat. "Au lendemain du vote de Bayonne, J.R Etchegaray a formellement confirmé qu'il appliquerait cet accord pour la mise en place et la gouvernance de l'EPCI Pays Basque".

Contre, tout contre

Au centre de ses préoccupations et de celles de l'ensemble de son groupe, dit-elle, l'intérêt des bayonnaises et des bayonnais. Que Martine Bisauta ne serait pas à même de défendre. "Le 24 mars, lors du  conseil municipal, elle a eu une phrase qui a profondément choqué notre groupe. Elle a dit 'moi Martine Bisauta adjointe indépendantiste'. Nous sommes une liste d'union du centre et de la droite, rien d'autre. Il ne faut pas tromper les électeurs. Jean-René Etchegaray a fait le choix du militantisme et non celui -ça parlera à tous les Basques- du respect de la parole donnée". Un argument qui peine néanmois à convaincre chez ceux qui comme Sylvie Durruty connaissent le parcours de l'intéressée et l'ironie qui teintait alors ses propos*, ceux supposés des opposants.

La rupture est-elle pour autant consommée ? Le maire préfère jouer la carte de l'apaisement et se refuse à évoquer une crise au sein de la majorité. "Les dossiers bayonnais font l'objet d'un réel consensus comme l'indique elle-même ma première adjointe". Il recevra prochainement un à un chaque membre de sa majorité pour s'en assurer. "Et si tel n'était pas le cas, il appartiendrait à chacun, moi y compris, de savoir en tirer les conséquences. J'y veillerai".

 

* "On nous a fait le procès de l’identitaire véhicule foireux, ai-je entendu. Là c’est quand le débat dérape. Pourquoi certains pourraient-ils parler d’identité et ce serait la chose la mieux portée du monde et que dès que c’est dans ma bouche, moi l’adjointe indépendantiste, ça deviendrait identitaire avec ce que ce mot peut colporter de choses négatives et graves ? Alors je sais, on nous a annoncé la fin du chocolat, la fin de Bayonne Ville d’Art et d’Histoire, un tsunami à nos portes. Un tsunami à nos portes parce que nous allons créer une communauté d’agglomération ! Non mais gardons la raison, rassurons-nous entre nous : le monde va continuer à tourner, on n’a pas des chars qui arrivent pour monter des murs qui feraient qu’on enfermerait le Pays Basque dans quelque chose qui ne lui permettrait plus de parler avec ses voisins. Restons raisonnables, restons raisonnables ! "