Ximun Larre

La musique pour tous à Baigorri

Durant dix jours, 35 jeunes participent à la deuxième académie de musique de chambre à Baigorri. Organisée dans le cadre du festival de Basse Navarre, c'est l'occasion de sortir la musique dans la rue et de bousculer les clichés sur la musique classique.

Les jeunes musiciens apprécient également l'atmosphère feutrée de l'église de Baigorri.©Bob Edme.
Les jeunes musiciens apprécient également l'atmosphère feutrée de l'église de Baigorri.©Bob Edme.

Le festival de musique de Basse Navarre a débuté le 22 juillet à Baigorri et se poursuit jusqu'au 10 septembre. L'occasion de goûter à la musique classique et de découvrir chaque année de formidables talents.

Durant dix jours c'est aussi le moment pour une trentaine d'enfants ou d'adolescents de se perfectionner au contact de musiciens de renom. Ici, la musique n'est pas seulement confinée dans des salles de répétition ou de concert. Elle sort dans la rue, au contact des gens, pour essayer de susciter la curiosité, interpeller peut-être ou tout simplement offrir quelques instants de bonheur.

Alice et Ainhoa, deux jeunes adolescentes attablées à la terrasse de la chocolaterie Laia, ont un peu le trac, sans forcément le dire. Dans quelques instants elles joueront là, dehors, devant quelques amis et sans doute de parfaits inconnus. Des gens occupés à faire leur course vers le supermarché voisin ou des passants qui flânent en cette douce après-midi d'été.

Et ce sera sans doute devant des oreilles peu habituées à écouter cette musique qu'on appelle classique, mais qui reste de la musique tout simplement. Au diable les adjectifs lorsqu'ils dénaturent les mots. La musique, point. Un langage universel, qui parle aux coeurs et pénètre les âmes.

Marina Beheretche, violoniste du quatuor Aranoa et professeur au conservatoire de Bayonne veille sur ses jeunes pousses. Avec sa collègue violoncelliste Emmanuelle Bacquet et le pianiste Vincent Planes. "L'an dernier pour la première année de l'académie, nous avons décidé de sortir dans la rue, d'aller à la rencontre des gens". L'expérience n'est pas forcément facile, les gens pas toujours prêts à s'arrêter écouter quelque notes.

"Nous sommes là pour partager la musique"

Mais les responsables de l'académie fourmillent d'idées. "Cette année nous avons choisi des musiques de films, des airs connus qui parlent aux gens". Et il est vrai que les exemples ne manquent pas, tant cinéma et musique classique ont d'affinités."Nous sommes là pour partager la musique, offrir et se faire plaisir aussi", ajoute la jeune femme.  

Mais les musiciens en herbe travaillent beaucoup durant ces dix jours. "L'académie passe vite, nous sommes un peu fatiguées mais découvrons de belles choses avec les autres" expliquent Alice et Ainhoa.

La transmission reste au coeur de ces journées, mais "c'est aussi la découverte qui compte", ajoute Marina Beheretche. "La découverte de la musique de chambre et d'autres méthodes de travail. Développer l'oreille, l'écoute, les équilibres et les bases de la vie musicale en société".

Trente-cinq jeunes, venant de Bayonne, Pau, Mont de Marsan, Lyon et même de Pologne partagent en effet leurs expériences durant ces quelques jours. Violon, alto, violoncelle, contrebasse, flûte, trombone, clarinette, piano et percussions se côtoient.

Devant l'église les jeunes offrent quelques extraits de bandes originales. Quelques personnes s'approchent. Parmi elles des enfants. Eux n'ont aucun jugement de valeur, ni clichés sur cette musique. "C'est l'âge où tout est possible" conclut Marina Beheretche, un sourire au coin des lèvres.