Justine Giraudel

Pour des Fêtes de Bayonne anti-sexistes

A deux jours de l'ouverture des fêtes, les associations féministes de Bayonne sont venues présenter leurs actions pour lutter contre les agressions sexistes. Si la situation a certes évolué ces dernières années, la route est encore longue.

Les mouvements féministes et des associations bayonnaises ont annoncé des actions communes. © Bob EDME
Les mouvements féministes et des associations bayonnaises ont annoncé des actions communes. © Bob EDME

Le Collectif contre les violences sexistes, le PAF (Pour une alternative féministe), EHZ, le Planning familial, Baionako Gaztetxea et l'asso LGBT les Bascos présentaient cet après-midi leur dispositif commun pour lutter contre les agressions sexistes, à l'avant-veille du déferlement des bestazale dans les rues de Bayonne.

Contrairement à ce que suppose l'adage populaire, non, tout n'est pas permis dans l'enceinte des fêtes. Alors, au placard vannes et autres tripotages, et ce quel que soit son niveau d'imbibition. Au-delà du geste ultime et puni par la loi, le viol, les associations se mobilisent pour lutter contre un problème de société et faire changer les comportements. Un combat quotidien contre les discriminations, explique Philippe Lacoste de l'association LGBT les Bascos. Et "l'affaire de chacun", insiste Stéphanie Carré du PAF.

Cette année encore le message s'affichera en grand dans les rues de la ville, ainsi qu'autour du cou des bestazale. Ou à grand renfort de "pegatina" (autocollants). Les personnes intéressées ont rendez-vous mercredi à 18 heures pour s'armer de colle et partir "décorer" massivement la ville. Les foulards des différents partenaires sont aussi en vente (notamment ce soir, à partir de 18 heures, peña Txalaparta rue Jacques Laffite).

Jeudi 28, le PAF invite à un poteo féministe : retrouvailles au comptoir paysan (18 heures), esplanade Roland Barthes, puis tournées des grands ducs du Petit Bayonne : Sankara, Mami Txula, place Patxa et Patxoki, où on pourra se procurer des "pisse-debout", outils indispensables pour pallier le manque de toilettes accessibles aux femmes et éviter de se mettre en danger.

Cachez cette agression que je ne saurais voir

L'excuse "c'est pas mes oignons" ne tient plus, encore moins du 27 au 31 juillet. Et si une agression venait à avoir lieu, les féministes convoqueront illico une manifestation à l'image du rassemblement des fêtes d'Iruñea, par le biais des réseaux sociaux.

On touche ici du doigt la difficulté du travail de sensibilisation : pour dénoncer une agression sexiste, encore faut-il qu'elle soit repérée et définie comme telle. Depuis quelques années, la Mairie s'est emparée du sujet, jusqu'alors absent, et pour la première fois cette année la campagne municipale vise les agressions sexistes dans leur ensemble.

Mais le chemin reste encore malheureusement bien long : aucun numéro spécial n'est attribué pour dénoncer les comportements, pas de point spécifique pour accueillir les victimes, les orienter en dehors des services existants (secours et hôpital). Pour les associations, un fossé sépare encore Bayonne de sa jumelle navarraise (voir info associée), même si la ville ferait figure de pionnière dans l’État français.

Le nerf de la guerre contre ce comportement déviant qu'est le sexisme se situe dans la dénonciation de toute agression, quelle qu'elle soit, dans l'écoute et l'accompagnement des victimes. Ce qui implique la formation des professionnels de santé, des secours, des forces de l'ordre mais aussi des gérants de bar ou des peñas. "Lorsqu'une bagarre éclate, on se mobilise. Mais on laisse passer les actes sexistes", déplore Philippe Lacoste.

De même, au lendemain des fêtes, les agressions sexistes se comptent sur les doigts d'une main en bilan, précautions juridiques obligent. Mais pour passer le message de tolérance zéro ne peut se contenter de demi-mots et requiert une dénonciation citoyenne, partagée, quotidienne.