Ximun Larre

Bilan d'après Tour pour les coureurs basques

Si la chance a souri à Ion Izaguirre lors de la 20e étape et que Mikel Nieve et Mikel Landa ont contribué au succès de Christopher Froome, Romain Sicard a été moins heureux sur cette édition. Retour sur la course des principaux coureurs basques.

Ion Izaguirre s'impose à Morzine après avoir pris tous les risques dans la descente du col de Joux Plane (Kenzo TRIBOUILLARD/AFP)
Ion Izaguirre s'impose à Morzine après avoir pris tous les risques dans la descente du col de Joux Plane (Kenzo TRIBOUILLARD/AFP)

Les coureurs basques ont connu des fortunes diverses lors de cette 103e édition du Tour de France. La victoire de Ion Izaguirre à Morzine, pour la dernière étape alpestre, a quelque peu soulagé une équipe Movistar inquiète par la faillite relative de son leader Nairo Quintana. Ce dernier a finalement réussi à accrocher un podium quasiment inespéré au vu de ses faiblesses inhabituelles en montagne cette année. Ion Izaguirre relativisait ainsi après sa victoire : "une victoire d'étape, un podium à Paris pour Nairo et le classement par équipe sont des résultats que beaucoup de formations aimeraient avoir". Son frère Gorka, lui, avait dû quitter la route après une chute lors de la 17e étape.

Si l'on se console comme on peut dans la formation navarraise Movistar, le sourire était évidemment de mise chez Sky dimanche soir, après le troisième succès de Chris Froome. Deux coureurs basques ont participé à ce succès. Mikel Nieve, irréprochable en montagne a brillé par sa régularité aux côtés de son leader, accrochant même une 17e place au classement final. Après avoir déjà connu de bons résultats à la Vuelta et au Giro, et même un moment de gloire lors d'une étape dantesque du Tour d'Italie 2011, sur les routes impitoyables de Gardeccia, il est aujourd'hui un des piliers de la meilleure formation du monde.

Mikel Landa connaît pour sa part une saison un peu particulière. Le natif d'Araba avait été débauché par la Sky pour épauler Chris Froome en montagne. Mais sa démonstration de force sur les routes du Giro l'an dernier (3e et deux victoires d'étape), où il fit vaciller le vainqueur Alberto Contador en montagne, laissait présager un avenir prometteur dans la perspective de l'après-Froome. D'ailleurs, la Sky lui avait confié cette année le rôle de leader sur les routes italiennes. Mais malade, Mikel Landa a dû abandonner le Giro. S'il a effectué sa part de travail de sape dans les cols d'un Tour de France terminé à une modeste 35e place, sa saison risque finalement de laisser un goût d'inachevé.

Heurs et malheurs de Romain Sicard

Les organisateurs du Tour de France avaient placé la montagne très tôt cette année. Dès la cinquième étape menant de Limoges vers Le Lioran. Sur ces routes du Massif Central propices aux baroudeurs, on a cru longtemps que Romain Sicard était en mesure de réaliser sa meilleure performance sur les routes du Tour, pour sa troisième participation. Présent dans la bonne échappée, une belle opération au classement général à défaut de victoire d'étape semblait possible. Avant que, sur des routes éreintantes, ses forces ne l'abandonnent lors de l'emballage final.

Eloigné au classement général, le coureur d'Hasparren a par la suite bénéficié d'une liberté de mouvement, s'échappant dans la 15e étape menant à Culoz. Mais là aussi, il afficha ses limites dans la montée du Grand Colombier. C'est finalement dans le contre-la-montre en côte, entre Sallanches et Megève, que Romain Sicard a réalisé sa meilleure performance (19e). Il confirme ainsi le potentiel entrevu ces dernières années dans l'exercice solitaire et qui lui a valu une sélection pour les mondiaux de Richmond l'an dernier.

Malheureusement, l'épreuve s'est achevée dans la douleur pour le coureur de Direct Energie. Dans le chaos final de la 19e étape, sous les trombes d'eau menant vers le col du Bettex, une chute est venue ternir cette fin de Tour. Bilan : le gros orteil du pied gauche fracturé. Romain Sicard a dû serrer les dents : "j'ai très vite vu que je n'arrivais pas à relancer, ni à me mettre en danseuse. Une journée galère où je n'étais pas du tout tranquille", déclarait-il à L'Equipe le lendemain. Sa 81e place  au classement final restera en deçà des espoirs suscités par ses deux derniers Tours d'Espagne (13e et 15e). La Vuelta qui approche à nouveau pourrait faire office de séance de rattrapage, si sa blessure du Tour le lui permet.