Ximun Larre

Justice transitionnelle, conflits : la vraie place des femmes

L'Institut universitaire Varenne et l'Association francophone de justice transitionnelle organisent du 3 au 9 juillet à Baigorri une université d'été sur le thème "Femmes et justice transitionnelle". En parallèle aura lieu un festival de film documentaire intitulé "La guerre des femmes".

Sept films sont proposés durant le festival. © Julien Harneis
Sept films sont proposés durant le festival. © Julien Harneis

Pour leur troisième université d'été, la deuxième à Baigorri, l'Institut Varenne et l'Association francophone de justice transitionnelle ont choisi d'aborder le thème des femmes dans la justice transitionnelle. Des étudiants d'une quinzaine de pays différents travailleront avec une série d'experts, universitaires ou praticiens. Dans le même temps, un festival de film documentaire ouvert à tous intitulé "La guerre des femmes" sera proposé du 3 au 9 juillet, au cinéma Bil Etxea.

L'Association francophone de justice transitionnelle a été fondée par les professeurs de droit public Jean-Pierre Massias et Xavier Philippe. Ce dernier, enseignant à l'Université d'Aix-Marseille, a notamment participé aux travaux de la Commission vérité et réconciliation en Afrique du Sud. Jean-Pierre Massias, également président de l'Institut Varenne, est connu pour ses travaux sur les transitions démocratiques des pays de l'ancien bloc soviétique ainsi que ses recherches sur la résolution du conflit basque.

L'université d'été abordera de manière pluridisciplinaire diverses thématiques sur le vécu et le rôle des femmes au cours des conflits. La places des femmes en tant que victimes, la place des femmes en tant qu'auteures de violations des droits de l'Homme et la place des femmes en tant qu'actrices de la justice transitionnelle.

"Que ce soit au Kurdistan ou au Congo, l'actualité offre de nombreux exemples où les femmes sont impliquées dans des conflits", explique Magalie Besse directrice de l'Institut Varenne. "La question de la justice transitionnelle est désormais connue mais le rôle des femmes dans ce processus n'est pas forcément mis en valeur. D'une manière générale c'est la place de la femme dans la société que nous interrogeons", ajoute-t-elle.

Associer les Baigorriar
 
Il y a deux ans lors de la première université d'été à Baigorri, des ciné-débats ouvert au public avaient eu lieu le soir. Pour prolonger et ancrer la démarche, c'est un vrai festival de film documentaire qui est cette fois proposé. "Il y a deux ans les étudiants venus à l'université d'été avaient été sensibles à la rencontre avec le public, véritable source d'enrichissement" rappelle Magalie Besse. Associer les Baigorriar à l'évènement, voilà le credo des organisateurs.

"Pour la sélection des films nous avons agi par coup de coeur et en essayant également de couvrir différentes zones de conflits, en gardant bien sûr une place pour le Pays Basque" précise la directrice de l'Institut Varenne. Les films sont suivis de débats avec les réalisateurs(trices) ou des spécialistes.

La sélection veut également montrer les différentes aspects de la place des femmes dans la guerre. Place active comme dans le film Compañeras de Dominique Gautier et Jean Ortiz, retraçant l'engagement des femmes dans la défense de la République espagnole et le combat anti-franquiste. Engagement toujours chez ces femmes kurdes, dont le combat médiatisé dans la lutte contre Daech ne doit pas faire oublier une tradition de lutte plus ancienne (Kurdistan, la guerre des filles de Mylène Sauloy).

La guerre et son lot de violences inavouables

La guerre véhicule aussi son lot de violences inavouables dont sont victimes les femmes. Putains de guerre de Stéphane Benhamou et Sergio G. Mondelo met en évidence un constat implacable : la présence de soldat s'accompagne systématiquement d'une prostitution couverte et encouragée par les états-majors eux-mêmes.

Quand ce n'est pas le viol qui est érigé en système comme pour le génocide au Rwanda (Rwanda, la vie après-Paroles de mères de Benoit Dervaux et André Versaille). Le Docteur Mukwege, prix Sakharov 2014, se bat quant à lui depuis 20 ans en République démocratique du Congo contre les conséquences de ces viols, et lutte pour dénoncer l'impunité des coupables (L'homme qui répare les femmes, la colère d'Hippocrate de Thierry Michel et Colette Braeckman).

Le Pays Basque sera lui évoqué à travers le documentaire de Josu Martinez, Itsasoaren Alaba (La fille de la mère, en basque) évoquant le parcours d'Haize Goikoetxea sur les traces de son père Mikel Goikoetxea, "Txapela", assassiné par les Gal en 1984.

Pour les horaires et le programme complet du festival voir ici.