Justine Giraudel

Pour parler Souletin

Depuis le 16 mai, les Souletins sont invités à "goûter, savourer et parler le basque".

Xiberoko Botza la radio bascophone soutient la campagne. DR.
Xiberoko Botza la radio bascophone soutient la campagne. DR.

"Eüskara txesta, goza eta mintza" peut-on entendre en conlusion des huit jingles radiophoniques diffusés depuis le 16 mai, et pour une semaine encore, sur les ondes des deux radios souletines Xiberoko Botza et Mendililia. Une campagne de promotion lancée par la Communauté de communes de Soule, décryptée par Allande Socarros, vice-président de la commission langue basque.

Après une campagne "offensive" en 2013, la Communauté de communes a emprunté un virage adouci, celui de l'incitation, tout en renouvelant un constat, partagé dans l'ensemble du Pays Basque Nord : bien que la langue basque bénéficie d'une plus grande reconnaissance, aussi bien sociale qu'institutionnelle, elle est de moins en moins parlée. Et donc, en danger.

La signalétique et même l'enseignement ne résoudront pas tout. Il s'agit aujourd'hui de mettre l'accent (souletin, dans ce cas) sur son usage quotidien, son oralité. Et pour ce faire, plusieurs outils ont été développés : huit jingles radios sont diffusés sur Xiberoko Botza et Mendililia, captés en situation réelle, dans un hôpital, une maison de retraite, une crèche, un commerce, une mairie…

A cela s'ajoutent des sets de tables distribués dans des restaurants, des étiquettes à destination des boulangeries… Autant de tentative pour raviver la pratique. Pour A. Socarros, si l'attachement des Souletins à la langue basque ne fait aucun doute, "ils n'en font pas leur premier vecteur de socialisation". L'habitude est prise. Il s'agit de la déconstruire.

Problème : le manque de locuteurs. Les aides à la formation existent, mais il est indéniable qu'à ce jour, non, on ne peut pas commander sa baguette en euskara partout. La Communauté de communes (dont toute la communication, interne et externe, est bilingue) offre un ensemble de services pour accompagner associations et particuliers, via son service dévolu à la langue basque.

Non, tous les Souletins ne parlent pas basque

"Il faut lever une fausse croyance : je ne suis pas sûr qu'il y ait 4 000 bascophones chez les 14 000 ou 15 000 habitants de Soule." Un cliché nourri par les pastorales et autres mascarades, et qui a la dent dure.

"Aujourd'hui, la commission langue basque, culture et patrimoine bénéficie de 200 000 euros annuels, soit 2% du budget. Nous faisons ce que nous pouvons. La langue doit être utilisée de façon transversale. Cela va au-delà du seul secteur culturel, c'est une façon de voir le monde, de l'interpréter, de le traduire.

Dépasser le prisme culturel, mettre à distance tout risque de folklore. Des enjeux vitaux pour la langue basque, dont le portage institutionnel est amené à évoluer : l'élu remet sa confiance entre les mains du futur EPCI Pays Basque pour poursuivre et l'amplifier le développement de la langue. Tout en maintenant sa vigilance pour que le Souletin ne passe pas à la trappe d'une politique linguistique commune.