A l'initiative du Conseil de développement du Pays Basque (CDPB), une centaine de personnes (élus, citoyens, acteurs du milieu associatif) se sont réunis à Saint-Etienne-de-Baigorry pour échanger et débattre sur le patrimoine naturel du Pays Basque, le vendredi 27 mai. Après une présentation de l'avis émis par le CDPB, une table ronde avec des personnalités de la société civile a permis de poser les enjeux concernant la préservation de cette richesse. Des regards croisés et, en filigrane, cette question : quelle échelle pour être efficace ? Chez certains l'idée d'un parc naturel régional fait son chemin.

Un parc régional n'a pas les mêmes contraintes qu'un parc national. Emmanuelle Yohana, animatrice du programme Leader Montagne Basque, met en garde : "il ne s'agit pas de mettre la montagne sous cloche, mais de tenir compte de tous les acteurs, à commencer par ceux qui font vivre ces territoire". Et celle-ci d'ajouter que "dans le cadre du futur EPCI, la question d'une éventuelle plus-value d'un tel parc, se posera pour le Pays Basque Nord".

En tout cas, les personnes réunies vendredi dernier à Baigorri sont d'accord sur le besoin de préserver la diversité de ce territoire. Le groupe de travail animé par Françoise Pautrizel et Olivier Clément, référents du chantier Patrimoine naturel pour le CDPB, a rassemblé une quarantaine de personnes. Depuis 2013, ce groupe travaille à l'élaboration d'un diagnostic partagé, à l'identification des enjeux et à la définition d'actions. Le fruit de cette réflexion est l'avis Patrimoine naturel : un défi pour la société basque, adopté par le CDPB le 4 mai dernier.

Les acteurs de la société civile ont eu droit à la parole à Baigorri. Cathy Constant tout d'abord s'interroge sur la notion même de patrimoine naturel. L'écrivain d'Anglet, auteur d'un recueil sur des balades naturalistes en Pays Basque préfère la notion de "nature sauvage", en se référant à la pensée du suisse Robert Hainard, selon laquelle une civilisation doit se développer en ayant le moins d'impact possible sur la nature.

Enjeux économiques et sociaux

La place de l'Homme justement, quelle est-elle dans cette nature ? Mikel Epalza prêtre aumônier des pêcheurs met en garde contre une vision uniquement écologique du problème et rappelle les enjeux économiques et sociaux : "Il faut protéger la mer sans foutre les pêcheurs dehors !". En tout cas pas tous, le prêtre défend une pêche artisanale, bien loin des pratiques de la pêche industrielle. Il met aussi en garde contre le discours alarmiste de certaines ONG : "notre Golfe de Biscaye est encore riche".

La diversité du patrimoine naturel basque est également réputée, comme le souligne Franck D'Amico, enseignant chercheur sur les milieux aquatiques de montagne : "des chercheurs et étudiants de l'Université de Californie viennent ici exprès, en raison de cette richesse".

Celle-ci prend parfois des aspects totalement inattendus. Qui connaît la grenouille des Pyrénées, cette espèce endémique et vulnérable découverte en 1993, que l'on peut trouver dans des montagnes du Pays Basque Nord ? Et le desman des Pyrénées, ce petit mammifère semi-aquatique tout aussi rare et vulnérable ? La question qui se pose est alors celle de l'échelle adéquate et des moyens mis oeuvre pour la préservation de ce patrimoine.