Ximun Larre

Les "petits pas" de l'euskara en Pays Basque Nord

Le rapport 2015 de l'Observatoire des droits linguistiques Behatokia, fait le point sur l'utilisation de l'euskara en Pays Basque Nord, entre faiblesses chroniques et progrès réalisés.

Le rapport a été présenté au siège d'Eusko Ikaskuntza à Bayonne© Behatokia
Le rapport a été présenté au siège d'Eusko Ikaskuntza à Bayonne© Behatokia


L'Observatoire des droits linguistiques Behatokia, créé en 2011, a pour vocation de défendre les droits linguistiques des citoyens de l'ensemble du Pays Basque et à "surmonter les conséquences qu'engendre la violation des droits linguistiques, qui sont des droits fondamentaux". Dans son dernier rapport l'observatoire dresse un constat de la situation en Pays Basque Nord, en mettant en avant chaque "petit pas réalisé". Une application pour mobile existe pour mettre en avant d'éventuelles difficultés sur l'utilisation de l'euskara au quotidien.

"Violence linguistique", le concept peut paraître fort pour certains. Pourtant comme le rappelle Garbiñe Petriati, directrice de Behatokia, "Le citoyen qui veut vivre en basque est souvent confronté à de grandes difficultés, dès qu'il s'agit de mettre en application cette volonté au quotidien". Ces difficultés ne sont évidement pas les mêmes, selon le territoire du Pays Basque où l'on se trouve, et l'existence ou pas, d'un statut officiel.

Pour ce qui est du Pays Basque Nord, Garbiñe Petriati a rappelé le contexte qui restait le même "toujours sans légalisation" mais celle-ci précisait aussitôt "qu'il ne fallait pas tout attendre de la loi". Pour elle, il s'agit également d'une "démarche volontaire de tous, où chaque pas compte".

L'observatoire cherche à recueillir les réclamations où les droits linguistiques n'auraient pas été respecté. Cela passe en particulier par l'application pour mobile Akuilari où l'on peut faire part d'une difficulté rencontrée. Cette application doit permettre "à tout un chacun de se sentir moins seul face aux difficultés" selon Garbiñe Petriati. Elle peut également servir à mettre en avant des points positifs et des efforts réalisés en faveur de l'euskara.

Bons et mauvais élèves du Pays Basque Nord

Au niveau des services, Pôle Emploi a été pointé du doigt dans le dernier rapport de Behatokia, pour son absence de valorisation de l'euskara. La banque postale également qui fait des difficultés pour des chèques écrits en basque, au motif que "l'on ne parle pas basque à Bordeaux" alors que c'est autorisé. Et aussi l'Université de Bayonne où malgré sa filière d'étude basque, l'euskara n'est pas du tout valorisé dans la communication et l'administration.

Le monde de la culture ou du tourisme sont également pointés du doigt, pour leur utilisation du mot basque dans leur communication. Communication dont l'euskara est le plus souvent absente. Ou encore ces publicités ou des fromages "parlent basque" mais ne l'utilisent pas.

La signalétique est un enjeu où des progrès sont relevés par Behatokia. Entre cette piscine de Saint-Jean-Pied-de-Port, à l'affichage entièrement en français, et les panneaux bilingues de la grande enseigne suédoise à l'entrée de Bayonne, l'observatoire souligne des efforts. "Même si le français apparaît en plus grand dans ce dernier cas, c'est déjà un pas", souligne Garbine Petriati. Même chose pour la clinique Capio salué pour sa démarche de signalétique bilingue.

Parfois il faut aussi provoquer les choses comme à la médiathèque de Bayonne. Une personne avait rempli un formulaire d'inscription uniquement francophone en euskara, ce qui provoqua dans un premier temps la colère de la Médiathèque. Désormais, après un temps de discussion, ces fiches sont bilingues.

Une politique des "petits pas" mis en avant par Behatokia qui appelle en parallèle les politiques à "prendre leurs responsabilités".