Goizeder TABERNA

Askatasunaren Bidean trace sa voie

Le nouveau mouvement indépendantiste formé par d'anciens prisonniers, Askatasunaren Bidean, se situe en dehors de la stratégie engagée par la gauche abertzale officielle.

Les promoteurs d'Askatasunaren Bidean ont lu le texte de présentation dans les trois langues.
Les promoteurs d'Askatasunaren Bidean ont lu le texte de présentation dans les trois langues.

Un groupe d’une cinquantaine de personnes a présenté le nouveau mouvement Askatasunaren Bidean (la voie de la liberté, en euskara), samedi 21 mai. Abertzale, révolutionnaire et socialiste, cette dynamique a fait ses premiers pas en janvier dernier. Elle a pour objectif de porter les revendications historiques du mouvement indépendantiste basque.

Askatasunaren Bidean se veut un mouvement "national", présent dans les sept provinces du Pays Basque. Au nord, il en est aux premières prises de contact. "Entre 15 et 20 personnes ont commencé à se réunir", raconte Joël Sistiague, une des personnes qui a lu la présentation du nouveau mouvement devant la presse.

Il ne se considère pas comme un dissident de la gauche abertzale, "on n’a jamais fait partie de Sortu". Il est juste "abertzale de gauche, révolutionnaire et socialiste". Avec ses camarades, il a formé ce collectif d’anciens prisonniers et déportés, proche du Mouvement pour l’amnistie et contre la répression, appelé par le presse espagnole "ATA" (Amnistia Ta Askatasuna). Entre les deux, la différence est que le second est, plus largement, une dynamique citoyenne.

"Nous soutiendrons ses actions et, dans certains cas, d’autres types de mobilisations comme celle organisée à la prison de Fresnes cette semaine", précise le militant, faisant allusion aux rendez-vous donnés par le parti de la gauche abertzale Sortu. Un parti avec lequel ils ont voulu marquer leurs divergences dès le départ.

Askatasunaren Bidean, ou le "retour aux fondamentaux". Les promoteurs de l’initiative disent vouloir remettre au goût du jour "les revendications perdues telles que l’indépendance, l’amnistie… Ce sont des concepts qui ont été complètement abandonnés depuis 2009".

Démarche "réformiste"

Cette année-là, des dizaines de militants historiques de la gauche abertzale avaient pris la parole pour engager leur mouvement dans une nouvelle stratégie. Une stratégie acceptant les principes de non-violence du sénateur américain G. Mitchell. Pour les anciens prisonniers d'Askatasunaren Bidean, une démarche "réformiste", menée par le "leader suprême", Arnaldo Otegi, qui ne les convainc pas.

"Ce n’est pas vrai que nous voulons une paix sans vainqueur ni vaincus, affirme leur texte de présentation. Nous voulons des vainqueurs : le peuple ouvrier basque et les autres peuples ouvriers. Et nous voulons des vaincus : les oligarques de France et d’Espagne et l’impérialisme international". Pour y arriver, ils disent vouloir reprendre la rue, le contact avec les militants, village par village. Les décisions seront prises par l’assemblée de militants. L’évolution du mouvement en parti dépendra donc de leur volonté. Pour l’instant, leur parti de référence serait, d’après J. Sistiague, la jeune formation Eusko Ekintza.

 

Extrait du texte de présentation :

"Compte tenu de la crise au sein du mouvement de libération nationale basque, nous avons commencé à nous réunir en janvier entre anciens prisonniers et réfugiés autour de trois axes :

1) Maintenir la dignité de la lutte, et faire face à toutes les tentatives de manipulation et de réécriture de l’histoire du peuple ouvrier basque.

2) Ne pas fermer les portes à un avenir libre et meilleur pour les nouvelles générations.

3) Apporter notre soutien aux Basques subissant la répression, et leur faire savoir qu’aucun d’eux ne sera abandonné au bord de la route pour avoir cédé au chantage de l’ennemi."