Ximun Larre

Visite chahutée du ministre de la Ville à Bayonne

Le ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports a fait une rapide visite hier après-midi à Bayonne. Avant de rejoindre un atelier citoyen organisé par la députée Colette Capdevielle, il a eu le temps d'être conspué par le collectif des opposants à la loi Travail.

Le ministre est arrivé détendu, quelques minutes plus tard il sera copieusement chahuté.© Isabelle Miquelestorena
Le ministre est arrivé détendu, quelques minutes plus tard il sera copieusement chahuté.© Isabelle Miquelestorena

Il était 17h30, hier soir, lorsque plusieurs dizaines de membres du collectif Jusqu'au retrait opposés à la loi Travail se sont massés près de l'entrée de la salle Albizia, avenue Plantoun à Bayonne. Un imposant dispositif de CRS les attendait. La raison ? La venue quelques minutes plus tard du ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner. Celui-ci répondait à une invitation  de la députée Colette Capdevielle à participer à un débat sur la citoyenneté et l'égalité. Si les débats ont été feutrés à l'intérieur, l'accueil du collectif a été plus bruyant.

Quelques minutes avant l'arrivée du ministre les banderoles du collectif se déploient. Certains militants arborent un bâillon où est inscrit 49.3 en signe de protestation. A l'approche du cortège ministériel, les forces de l'ordre tentent de faire reculer les manifestants. S'en suivent quelques minutes de tensions durant lesquelles certains sont bousculés. "Nous voulons protester contre le déni de démocratie du 49.3 et nous sommes reçus par des robocops" souligne Eñaut Arramendi de Lab. Pendant ce temps, des manifestants interpellent la députée Colette Capdevielle : "Eh... la gauche c'est ici !".

L'arrivée du ministre se déroule sous une bronca. Après un moment de répit au siège de l'ASB, en compagnie des filles du club, le ministre, accompagné du préfet et de Colette Capdevielle, se fait à nouveau huer avant d'entrer dans la salle Albizia. Les "trahisons" et autres "démissions" fusent. "C'est aussi ça la démocratie", précisera quelques minutes plus tard la députée, quelque peu embarrassée.

Inquiétude du monde associatif

L'atelier citoyen du jour, organisé par la députée, a pour thème la présentation du projet de loi Egalité et Citoyenneté où il est question d'émancipation des jeunes, de mixité sociale et d'égalité des chances. Dans l'assistance de nombreux acteurs du monde associatif sont là, et le débat tourne rapidement sur les difficultés des associations, petites ou grandes, qui peinent à continuer à remplir leurs missions malgré des subventions à la baisse.

Ainsi, ces éducateurs de rues inquiets des coupes budgétaires du Conseil départemental. Le ministre promet une meilleur reconnaissance du bénévolat mais certains responsables associatifs doutent de l'efficacité des mesures annoncées. Ce responsable conclut, ému : "Les petites associations, nous souffrons, mais c'est grâce à nous que le lien social tient encore. Le jour où il va se rompre ça va exploser".

Si à l'extérieur la loi Travail était présente du côté des manifestants, à l'intérieur, aucune question n'aborde le sujet. Il y aura juste cette allusion du ministre : "certains sont prêts à passer la ligne rouge et à empêcher les autres autres de discuter". Un risque qui selon lui "pourrait alimenter le populisme". Chez les militants, sympathisants ou autres personnes présentes dans la salle, personne ne relève une autre forme de confiscation du débat, il est vrai légale celle-là : l'utilisation du 49.3.