Ximun Larre

Les 1er mai du Pays Basque Nord

Bayonne a connu un défilé de 1er mai relativement important hier. D'autres rassemblements avaient également lieu ailleurs, en Pays Basque Nord comme à Mauléon ou Saint-Jean-de-Luz. Entre tentative d'unité syndicale, rejet de la loi Travail et manifestation décalée à la sauce Bizi !

La journée des Travailleurs a réuni 2 000 personnes, à Bayonne. © Isabelle Miquelestorena
La journée des Travailleurs a réuni 2 000 personnes, à Bayonne. © Isabelle Miquelestorena

Entre 1 500 et 2 000 personnes étaient présentes dans les rues de Bayonne pour le défilé du 1er mai. Parmi eux, militants et sympathisants de Bizi se sont illustrés pour manifester avec humour sur le désarroi des riches. A Mauléon près de 150 personnes ont défilé dans les rues de la commune. Alors qu'elle s'apprête à revenir devant les députés, la loi Travail était sur de toutes les lèvres.

Il est près de 11 heures du matin lorsqu'un curieux ballet de costumes trois pièces et de (fausses) fourrures s'agite au bout du Pont Saint-Esprit coté gare, à Bayonne. Les cheveux gominés, les Ray- Ban et les cigares aux lèvres ne laissent pas de place au doute. Cette fois les riches sont descendus dans la rue. Un de leur porte-parole s'avance : "ce gouvernement ne doit plus faire un pas en arrière, sus aux contraintes sociales et écologiques !". Les slogans sont limpides : "Oui à la gauche quand elle est de droite", "Y en marre des smicards nous on préfère le caviar !" ou  "la semaine de 32 euros !".

A deux pas de là, le défilé des organisations syndicales parti de la place Sainte-Ursule approche lentement. Les "riches" conspuent alors les "gueux". "Au delà de la pédagogie et du travail d'information que nous menons, l'humour et la théâtralisation permette d'approcher un public plus large pour dénoncer la politique libérale du gouvernement", explique Xabier Harlouchet de Bizi ! Pendant ce temps, la troupe bigarrée des faux milliardaires se joint peu à peu au cortège.
 
En tête de celui-ci la traditionnelle banderole avec les noms des syndicats et organisations qui appellent à manifester: sont présents la CGT, FO, la FSU, Solidaires, l'Unef, Les Jeunes Socialistes et les Jeunes Communistes. FO participe au défilé unitaire pour la première fois à Bayonne depuis 2009. La CFDT, engagée sur le terrain des négociations avec le gouvernement au sujet de la loi Travail, est absente. Lab qui n'apparait pas dans cette "vraie-fausse" intersyndicale mais fait partie du Collectif jusqu'au retrait est bien présente dans le cortège.

"Quelques journées de grève ne suffisent pas"

Danièle de Solidaires déplore justement "une intersyndicale qui n'est pas complète". Pour elle, au-delà des syndicats ce qui empêche de déclencher un mouvement plus vaste concernant la loi Travail "c'est un monde du travail qui est sous pression et vit constamment avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête". "De toute façon, quelques journées de grève isolées ne suffisent pas pour faire reculer le gouvernement sur cette loil", conclut-elle.

Avant la fin de la marche, un groupe se détache à l'appel du syndicat Lab et s'arrête près du pont Marengo. Là une action symbolique se déroule devant une supérette ouverte le dimanche pour dénoncer le travail dominical. Une prise de parole fustige "les quelques syndicats qui, avec le gouvernement, jouent le jeu du Medef". Il est également question de "précarisation  des travailleurs" et de "pertes des droits sociaux". On y rend aussi hommage aux morts de Chicago le 1er mai 1886 ou à ceux de Fourmies le 1er mai 1919 qui se battaient "pour acquérir des droits".

"Aujourd'hui l'heure n'est plus à acquérir des droits mais à essayer de les sauvegarder malheureusement" précise en aparté le porte-parole de Lab, Eñaut Aramendi. "Nous devons justement repenser le syndicalisme, ne plus être un syndicalisme de défense mais d'attaque". L'heure est aussi un peu au regret : "on ne peut que déplorer le manque de cohésion syndicale qui existe parfois".

D'autres défilés ou rassemblements

La branche "Barnekalde" du Collectif jusqu'au retrait, LAB, SUD solidaires, ELB, Aitzina !, BDS Xiberoa, La Commune, Zinka bizirik, Tokia avaient appelé à manifester dans les rues de Mauléon. Environ 150 personnes de l'intérieur du Pays Basque ont ainsi défilé. Arño Ayçaguer, porte-parole du Collectif Barnekalde salue "l'esprit très convivial de ce rendez-vous, concrétisant les efforts de la mobilisation née ici, à l'intérieur, contre la loi Travail".

A quelques minutes d'intervalle, le défilé habituel de la CGT avait également lieu, rassemblant un peu moins d'une centaine de personnes. Mauléon garde une tradition ouvrière singulière. Tradition "perturbée" là aussi dans la bonne humeur par l'arrivée de quelques nantis de Bizi !

A Hendaye et à Saint-Jean de Luz, plusieurs dizaines de personnes se sont également rassemblées à l'appel, respectivement, de la CGT et de Lab. Il sera encore probablement question d'unité syndicale et d'action à mener ce soir, lundi 2 mai, à la Bourse du travail, pour l'assemblée générale du collectif Jusqu'au retrait. Le projet de loi lui, revient en discussion à l'Assemblée nationale dès demain.