Ximun Larre

"Loi bâillon" : un journaliste du Pays Basque Sud condamné

 L'Etat espagnol a condamné pour la première fois un journaliste du Pays Basque Sud dans le cadre de la loi "bâillon". De nombreux journalistes s'opposent à cette loi au nom de la liberté de la presse.

Des journalistes avec un bâillon sur la bouche pour dénoncer une entrave à la liberté de la presse. ©Kazetararitza ez da delitua.
Des journalistes avec un bâillon sur la bouche pour dénoncer une entrave à la liberté de la presse. ©Kazetararitza ez da delitua.

Au nom de son représentant en Gipuzkoa, l'Etat espagnol a condamné pour la première fois un journaliste dans le cadre de son travail. Axier Lopez, de l'hebdomadaire Argia, devra verser une amende de 601 euros pour avoir diffusé des photos d'une opération de police sur les réseaux sociaux. Cette condamnation s'effectue au nom de la loi "baillon" que de très nombreux journalistes du Pays Basque dénoncent comme un restriction à la liberté de la presse.

Les faits remontent au 3 mars dernier lorsque Naroa Ariznabarreta est arrêtée à Eibar. Elle est accusée avec Ainara Ladron et Aritz Azkona, eux aussi arrêtés le même jour, de ne pas s’être présentée devant le juge au sujet d'une affaire datant de 2007. Cette année-là, ces trois jeunes avaient participé à une opération de blocage de l'autoroute A8 pour protester contre l'illégalisation du mouvement de jeunesse Segi.

Lors de l'arrestation du 3 mars, le journaliste d'Argia prend des photos qu'il diffuse sur les réseaux sociaux. Dans son jugement l'Etat espagnol souligne "qu'à travers ces images l'identification des agents [de police sont] possible".

Ce jugement s'appuie sur la "loi organique de sécurité citoyenne 4/2015" plus connue sous le nom de "loi bâillon". Votée l'an dernier par la majorité de Mariano Rajoy cette loi est critiquée pour ses entraves à la liberté d'expression. En 2015 la journaliste du site Topatu.info Iraitz Salegi avait déjà été inquiétée par la justice espagnole avant d'être blanchie par l'Audencia Nacional.

"Stopper le journalisme citoyen"

Depuis l'an dernier de très nombreux journalistes ont protesté à travers un manifeste sur le site Kazetaritza ez da delitua. Ils mettent en avant une loi "qui veut empêcher les journalistes d'informer sur l'utilisation excessive de la force par les policiers sur les manifestants, de suivre les événements tels que les expulsions et plus généralement stopper le journalisme citoyen". Pour symboliser ce recul de la liberté de la presse, ils apparaissent avec un bâillon sur la bouche.

Cette loi a été contestée cette semaine au Parlement espagnol, et le parlement de Gasteiz avait demandé l'an dernier son retrait. Le PNB, EH Bildu, le PSE-EE et UpyD s'était déclarés contre cette loi. Au contraire du PP, seul dans son camp.