Bénédicte Saint-André

Une résolution pour le Pays Basque

Une résolution intitulée "Droits humains et processus de paix au Pays Basque" sera déposée par les groupes locaux d'Amnesty International les 11 et 12 juin prochains à Strasbourg, lors de l'assemblée générale de l'ONG. Par ailleurs, ce mercredi 24 février, Amnesty rendait son rapport annuel. 

Les membres d'Amnesty Bayonne autour de Louis Joinet et Jean-Pierre Massias. © DR
Les membres d'Amnesty Bayonne autour de Louis Joinet et Jean-Pierre Massias. © DR

L'assemblée générale d'Amnesty International France qui se tiendra à Strasbourg les 11 et 12 juin prochains devra voter la résolution "Droits humains et processus de paix au Pays Basque" déposés par les trois groupes de l'ONG au Pays Basque.

"La dernière position d'Amnesty International sur le sujet était formulée le 21 octobre 2011 dans le document 'l'annonce par l'ETA de l'arrêt de la violence est l'occasion d'engager des réformes sur le terrain des droits humains' ", précise Germaine Blézio, membre du groupe de Bayonne. 

L'ONG y condamne fermement "les graves atteintes aux droits humains perpétrées par ETA" et stipule que sa décision de "renoncer de manière définitive à la lutte armée fournit une occasion de réformer la législation antiterroriste du pays [l'Espagne ndlr]".

Par ailleurs, elle invite le gouvernement espagnol à faire en sorte que "les forces de sécurité rendent des comptes pour les violations des droits humains qu'elles ont commises". Néanmoins, les groupes locaux estiment que la voix d'Amnesty International, fondée sur le droit international, doit se faire entendre à nouveau dans le cadre du processus de paix. En outre, alors que le texte de 2011 ne concerne que l'Etat espagnol, l'Etat français est associé au projet de nouvelle résolution.

L'état d'urgence, une "réponse liberticide"

Germaine Blézio revient également sur le rapport annuel de l'ONG [voir ci-joint], publié ce mercredi 24 février. "Ce dernier reprend entre autres un précédent rapport de 38 pages dénonçant l'état d'urgence, et évoqué le 6 février dernier à Bayonne lors de l'assemblée générale Aquitaine". Amnesty International y dénonce une atteinte aux droits fondamentaux au nom de la lutte antiterroriste et épingle une "réponse liberticide" sans contrôle judiciaire indépendant.

"Après une longue enquête basée sur plus d'une centaine de cas, allant des perquisitions à domicile sans mandat, des assignations à résidence au pouvoir de dissoudre certaines associations, nous avons demandé de ne pas voter la prolongation de l'état d'urgence", rappelle-t-elle. Mardi 16 février, l’Assemblée nationale adoptait sa prolongation jusqu’au 26 mai par 212 voix contre 31 et 3 abstentions.

Par ailleurs, G. Blézio pointe un protocole signé le 6 février entre le France et le Maroc. "La lutte contre la torture est une compétence universelle. Dorénavant, si des victimes torturées au Maroc déposent plainte en France, la France transmettra les dossiers au Maroc. Le sort qui pourrait alors être réservé aux victimes constitue un risque inacceptable". Amnesty International fustige également  la position des pays européens face à la crise des migrants et dépeint une Organisation des Nations Unies "à bout de souffle".