Justine Giraudel

Plantoun : trouver les responsables pour aller de l'avant

Lundi 25 janvier, propriétaires, maîtres d'œuvre et constructeurs se sont enfin retrouvés dans le tribunal de grande instance de Bayonne. Des audiences attendues et dont le dénouement est prévu le 9 mai prochain.

A l'exception de quatre familles, les habitants du hameau souhaitent y rester. © Isabelle Miquelestorena
A l'exception de quatre familles, les habitants du hameau souhaitent y rester. © Isabelle Miquelestorena

Il y a sept ans de cela, 23 familles intégraient leur nouveau logement sur le hameau de Plantoun. Le rêve tournait rapidement au cauchemar, malfaçons thermiques et sonores se multipliant. Une affaire de longue haleine s'ouvrait. Hier, lundi 25 janvier, victimes et accusés se sont retrouvés devant le tribunal de grande instance bayonnais. Sur toutes les lèvres, la même question : "qui est le responsable" ? La réponse est attendue le 9 mai.

Initialement prévues en décembre 2015, les audiences avaient été reportées au mois de janvier. Les avocats des quelques 23 familles ont eu la matinée pour présenter leur plaidoirie. L'après-midi était quant à elle consacrée à celle des "accusés". Maîtrise d'ouvrage, conception, dessin et réalisation se sont copieusement renvoyés la balle, témoigne Lionel Sevilla, co-propriétaire de l'éco-quartier.

En 2011 et 2012 deux rapports, rédigés par deux experts différents, proposaient un pourcentage de répartition des responsabilités pour les différentes parties accusées. Le nerf de la guerre procédurale. "Aucun avocat n'a remis en cause le fondement et le rapport des experts, explique le propriétaire. Mais ils ont tous essayé de négocier la répartition."

Selon lui, la seule entreprise à ne pas avoir remis en question cette répartition serait la Satob. Chargée de la charpente et de l'ossature en bois, le rapport l'indique responsable de 27 % des dégâts. Bien que ce chiffre soit le plus élevé, il est contesté par la défense d'autres entreprises. Ce sera à la juge de statuer.

HSA, victime et accusé

Au centre des interrogations des familles, la question du promoteur social, Habitat Sud Atlantique (HSA). Ce dernier a comparu à deux reprises : dans la matinée, en tant que propriétaire-victime de seize logements, et dans l'après-midi, comme promoteur-accusé. Les familles pointent sa responsabilité morale, notamment pour une sortie positive de l'affaire : "HSA a vendu son produit sur plaquette. Quelque chose de beau, propre, un peu idyllique [et des maisons en accession sociale à la propriété d'un montant avoisinant les 200 000 euros, ndlr.]. Il était au fondement du projet." Mais dans sa défense le promoteur se dédouane de toute responsabilité. Contacté par la rédaction, le directeur général, M. Elhuyar, a fait savoir qu'il ne souhaitait pas commenter le procès.

Réhabiliter Plantoun

Quelles sont justement les attentes des familles ? "L'ensemble de nos avocats demandent peu ou prou les mêmes choses, explique L. Sevilla. Une remise en état des maisons avec des indemnités de perte de jouissance, de perte d'usage sur l'ensemble des bâtiments et de préjudice moral." A l'exception de quatre familles, requérant "l'annulation pure et simple de la vente et le rachat des maisons, ainsi que des compensations", les autres souhaitent maintenir leur projet de vie sur le quartier.

"Nous nous sommes tous impliqués dans la vie du lotissement. Nos enfants se connaissent, certains sont nés ici, ils jouent ensemble, fréquentent les mêmes écoles. Nous faisons partie des associations du quartier, en utilisons les infrastructures..." Il émet un souhait, celui que l'affaire prenne un nouveau cap, que le hameau de Plantoun "s'en sorte par le haut".

Il en est certain, un bel avenir est possible. Le 9 mai, le tribunal devrait rendre sa décision et dévoiler la procédure qui sera alors mise en œuvre. Le propriétaire espère qu'elle prendra la forme de la déconstruction : "nous souhaitons une reconstruction collaborative, tenant compte de nos usages, de la vie déjà éprouvée sur le quartier". Les familles fourmillent d'idées, elles se sont naturellement regroupées au cours de cette longue procédure pour penser ensemble le futur du quartier. Un quartier pas comme les autres, où vivre différemment. Comme le promettaient les plaquettes, il y a sept ans de cela.