Bénédicte Saint-André

Les salariés redressent leur imprimerie

Vingt salariés d'une imprimerie angloye deviennent associés à part égale de la Scop Cap Collectif Imprimerie.

Une équipe de direction pas tout à fait comme les autres. © Isabelle Miquelestorena
Une équipe de direction pas tout à fait comme les autres. © Isabelle Miquelestorena

L'imprimerie Bonnin Editions Packaging devient Cap Collectif Imprimerie. Derrière ce changement d'identité, c'est également une réalité nouvelle qui s'imprime, collective et mobilisée.

Les vingt salariés peuvent souffler. "Se constituer en Scop est très complexe", précise Marie-Jo Téotonio, comptable de l'imprimerie. "Mais ce parcours du combattant, nous l'avons mené ensemble d'un bout à l'autre", confie-t-elle non sans une certaine fierté. Et tout au long de l'entretien, il sera d'ailleurs toujours question de "nous", jamais de "je". Un "nous" qui se veut polyvalent et engagé douze heures par jour.

En effet, le pari était aussi risqué que la situation désespérée. En 2009, Jean-Paul Bonnin rachète l’imprimerie Laffontan. La société s'enlise dans la crise et ne prospère pas. L'opération de rachat d'un site à Canéjan est contre-productive, la société est en redressement judiciaire au 20 juillet 2015, alors même qu'un nouveau co-gérant l'intégrait au 18 du même mois, Anthony Bouron.

Foncez !

C'est lui qui lancera ce défi aux salariés d'Anglet : "Vous êtes capables de tenir vous-même votre société, foncez ! ". Débute alors une véritable course contre la montre, journée, soir et week-end. Le sigle Scop (société coopérative et participative) impose en effet d'avoir un prévisionnel précis, une analyse des besoins exhaustive. Chacun se met à développer une vision d'ensemble de la société, de la comptabilité à la production en passant par les commandes.

Les clients et les fournisseurs suivent : Lindt, Labeyrie, Aqualand. Tous envoient leurs lettres d'engagement. Le 21 décembre, c'est officiel, la Scop voit le jour, "un beau cadeau pour les fêtes". L'état d'esprit alterne dès lors entre angoisse grisante et foi en l'avenir. 

Chacun porte une voix

"Une Scop, c'est de l'autogestion dans tous les domaines", explique M.J Teotonio. Gildas Bouscatié, ancien directeur de production est devenu gérant. Mais chacun a investi de 1 000 à 5 000 euros, pour un montant total de 64 000 euros. Ainsi, "chaque décision est concertée. Nous sommes vingt associés, à part égale, chacun porte une voix" argue la comptable, démontrant si besoin était que professionnalisme ne rime pas avec individualisme.