C'est le fruit d'un an et demi de travail mené par Jokin Urain et Fermin Munarriz. Un pari important, puisque ces derniers ont dû se mettre en relation avec près de 2 000 personnes. L'oeuvre "Ametsen Liburua" (le livre des rêves, en français) a été présentée le samedi 21 novembre au Kursaal, à Donostia. Elle rassemble près de 500 rêves, exprimés par 427 personnes opprimées et par 40 artistes basques ayant participé au projet.

L'écrivain Joseba Sarrionaindia a clôturé la présentation, depuis son lieu d'exil. Il a notamment déclaré qu’à l'heure où la plupart des gens privilégient la sécurité et le confort, un peuple mène un combat pour la liberté. "De nombreuses personnes ont été punies pour cela" a-t-il déclaré. C'est avec joie qu'il accueille cette oeuvre qui donne la parole à ceux qui ont été “exclus et réduits au silence”.

J. Urain et F. Munarriz ont présenté un projet à la fois humble mais colossal, et ont insisté sur la l'enthousiasme qu'il a provoqué. Les rêves ont été consignés tels qu'ils ont été recueillis ; certains les ont illustrés à travers des contes, d'autres par des poèmes, ou encore des dessins. Le livre est donc coloré et diversifié. Le 21 novembre, nombre de ces rêveurs sont montés sur scène. Ainsi sont apparus Miren Zabaleta, récemment libérée, Gexan Alfaro, Amaia Sarasola (mère d'un prisonnier), Kerman Urbizu, le chanteur et ex-prisonnier Peio Serbielle. D'autres ont transmis leur témoignage par vidéo. Peixoto depuis le Pays Basque Nord, Alfonso Etxegarai depuis Sao-Tome, Mertxe Txibit depuis la prison de Réau ont ainsi pu participer à la présentation.

Le Kursaal était plein. Près de 600 personnes, la plupart ayant vécu la prison ou l'exil dans leur for intérieur, mais n'ayant pour autant jamais cessé de rêver. “Le rêve est la volonté de vivre du peuple”, a résumé J. Urain. L'objectif ? La libération du peuple, de tous ceux qui en font partie.