Bénédicte Saint-André

"Surfer pour la paix" sur les vagues basques

15 surfeurs gazaouis, israéliens, afghans, algériens, marocains et européens étaient de passage au Pays Basque du 10 au 18 octobre. L'occasion de souligner la valeur de la paix et de l'appeler de leurs voeux, ensemble, depuis les vagues.

Les jeunes de Surfer pour la paix séduits par l'identité Pays Basque. © Nadia Ghali
Les jeunes de Surfer pour la paix séduits par l'identité Pays Basque. © Nadia Ghali

15 jeunes, issus pour certains des zones de conflit les plus chaudes du globe, sont venus découvrir le Pays Basque du 10 au 18 octobre. Avec pour ordre de mission surfer pour la paix, un mantra reprenant le nom de leur association. Au-delà du symbole, l'antenne européenne de Surfing 4 Peace oeuvre concrètement pour montrer un autre chemin possible à ces jeunes.

"Les voyages forment la jeunesse". L'adage prend ici un relief nouveau, vecteur d'ouverture et de paix. "Une paix qui viendra au jour le jour en faisant des choses simples ensemble", prône Samuel Jacquesson, responsable de l'association. Le surf, discipline par excellence de l'"Ici et maintenant" permet aux jeunes de se recentrer sur le présent, et de changer leur regard sur l'ennemi. Et le responsable d'ajouter une nuance fondamentale: "Ces jeunes ne se considèrent pas comme ennemis, mais ils sont regardés en tant que tels par le prisme médiatique". Une posture immuable qui empêche selon lui de sortir d'un cercle vicieux sans prise avec le présent. En tout cas pas dans les rêves et les projets de ces jeunes.

L'Israélien Shachar Aharoni, surnommé Schouchou dans le microcosme du surf,  dénonce des gouvernements extrémistes qui transforment les différences en guerre. Lui préfère relever les points communs avec ses éphémères partenaires d'entraînement. "On a la même chaleur méditerranéenne. Au fond on se ressemble", sourit-il, volontairement provocateur.    

Ce qui l'a marqué dans sa "trêve basque", c'est une identité forte, une ambiance fantastique et une gastronomie incroyable. Ne perdant pas de vue ses revendications pacifistes, il précise que l'identité en Pays Basque ne sous-entend pas le rejet de l'autre. "Elle est synonyme d'authenticité pas de conflit", lâche-t-il dans un clin d'oeil. Et il interpelle: "j'espère que vous vous rendez compte de votre chance".

L’Afghane Sohal, partie avec la petite escouade sur le spot de Zarautz, en Gipuzkoa, enfonce le clou: "Ici, vous avez la chance de vivre avec des frontières ouvertes, souligne-t-elle, de pouvoir surfer partout ! C'est merveilleux".  

Le voyage basque, parenthèse enchantée et abstraction d'un contexte difficile, ne sera pas le dernier. L’association a déjà emmené ses surfeurs auprès de diasporas palestiniennes au Chili ou au Honduras, et prépare un voyage au Maroc. "En attendant de pouvoir organiser des rencontres chez nous", espèrent-ils d'une seule voix.