Mediabask

Procès contre procès

Des milliers de personnes ont démontré lundi 12 octobre leur soutien à l'organisation internationaliste basque Askapena, qui est menacée d'illégalisation par l'Etat espagnol. Hier c'était au tour des manifestants de porter des accusations à l'encontre de l'état “impérialiste”, “borbonique”...

Plus de 4.000 personnes ont participé à la marche d'Iruña. © Argazki Press
Plus de 4.000 personnes ont participé à la marche d'Iruña. © Argazki Press

Le 12 octobre, jour de fête nationale de l'Etat espagnol ou jour de l’hispanité pour les Espagnols. Ils le célèbrent depuis 1982 en commémoration de la “découverte des Amériques”. Le 12 octobre 2015, les membres d'Askapena déclaraient l'Etat espagnol "coupable d'oppression contre les peuples”.

Des milliers de personnes se sont mobilisées dans le cadre de la manifestation nationale contre le procès qui devra débuter dans moins d'une semaine. Cinq membres d'Askapena, organisation internationaliste basque, sont convoqués à comparaître à partir de lundi prochain devant l'Audience nationale de Madrid. Le procureur a demandé l'illégalisation de l'organisation, et une peine de six ans de prison pour cinq de ses membres. Malgré cela, ces derniers restent actifs et continuent à défendre leur position. Hier, ils ont à leur tour accusé l'Etat espanol d'être responsable de la colonisation du Sahara occidental, du génocide des peuples d'Abya Ayala [peuples d’Amériques], et d'ingérence avec les forces de l'Otan.

Ces accusations sont à l'image des dynamiques Herriak libre (Peuples libres, en basque) qui ont vu le jour dans plus de 40 secteurs du Pays Basque, mais aussi à Barcelone, Paris, en Bretagne, à Buenos Aires, Brescia, Val ddi Susa (Italie), Madrid, Caracas, Lisbonne et Bogota. Depuis sa création en 1987, Askapena a maintenu des relations avec des peuples du monde entier, en lutte pour leur émancipation politique et sociale. Ainsi, chaque année, nombreuses sont les personnes qui participent à des brigades organisées par Askapeña. Cette année par exemple, elles se sont rendues en Palestine, au Sahara, au Venezuela, en Argentine, en Galice et à Barcelone.

L'Etat espagnol a également convoqué un procès contre Askapeña (association prenant part aux préparatifs des fêtes de Bilbo), Elkar Truke et Herriak Aske (associations promouvant un commerce juste et équitable). En soi, il ne s'agirait que d'une tradition de l'Etat espagnol, à laquelle les peuples sont habitués, selon les prises de paroles d'hier. Au début de la manifestation, l'un des cinq accusés d'Askapena, a ainsi rappelé que la répression de l'Etat a provoqué la mort de 492 personnes, 1 250 blessés, 19 600 arrestations, et plus de  3 200 personnes torturées au Pays Basque.

Il a également fait remarquer qu'Askapena n'est pas la première organisation illégalisée puisque nombreux ont été les partis politiques, mouvements populaires et médias soumis à l'illégalisation et aux représailles. Une parlementaire catalane de la CUP a accusé l'Etat espagnol d'être borbonique, jacobin et centralisé” et de “nier les droits individuels et collectifs”.