Justine Giraudel

Les voleurs de chaises ont encore frappé

La COP 21 arrive à grands pas, et les militants sont bien décidés à y participer. Leur objectif : réquisitionner 196 chaises pour lutter contre l'évasion fiscale. Ce matin, à Paris, une agence BNP Paribas s'est vue délestée de douze sièges.

184 chaises seront encore réquisitionnées avant et après la COP 21, qui se déroulera du 30 novembre au 11 décembre à Paris. © Bizi!
184 chaises seront encore réquisitionnées avant et après la COP 21, qui se déroulera du 30 novembre au 11 décembre à Paris. © Bizi!

Ce matin, jeudi 1er octobre, trente militants ont réquisitionné douze chaises au sein de l'agence BNP Paribas du boulevard de Strasbourg, à Paris. Parmi ces Robins des bois, des membres de l'association Bizi !, instigatrice du premier rapt mobilier, le 12 février dernier. Les faucheurs de chaises ne comptent pas s'arrêter là et poursuivront leurs actions non-violentes jusqu'à la COP 21, "pour mettre enfin la finance au service des hommes et de la nature".

Attac, les Amis de la Terre, les J.E.D.I for Climate, le processus Actions Non-Violentes COP21, les Désobéissants ont tous répondu à l'Appel à la réquisition citoyenne de 196 chaises, lancé hier, le 30 septembre. Ils s'opposent à l'évasion fiscale qu'ils estiment organisés par les banques. Une fois de plus, l'action s'est déroulée dans le calme et à visage découvert.

"Nous n’acceptons pas cette situation où on laisse les banques pratiquer en toute impunité l’évasion fiscale et faire évader des milliards d’euros, d’autant plus que dans le même temps les impacts de la crise climatique s’aggravent faute d’un manque cruel de financements", a expliqué Thomas Coutrot, porte-parole d'Attac dans un article paru sur france.attac.org.

L'évasion fiscale européenne serait estimée à 100 milliards d'euros annuels, tandis que les Etats dits riches sont incapables d'alimenter les 100 milliards d'euros du Fonds Vert pour le climat, pour aider les pays du Sud à lutter contre le dérèglement climatique et ses impacts. L'argent de la transition sociale et écologique existe, estiment les militants. Encore faut-il vouloir le distribuer.

Loin d'être anecdotique, le fauchage de chaises bénéficie de l'appui d'intellectuels comme le philosophe Edgar Morin ou le sociologue Alain Caillé, prêts à accueillir le mobilier. Une action non-violente lourde de sens pour les militants, comme l'a souligné, dans le même article, Jon Palais de l'association Bizi ! : "La réquisition et la circulation solidaire de chaises peuvent devenir un mouvement populaire de grande ampleur. Face à la gravité de l’urgence climatique et à l’inaction des gouvernements, nous démontrons que les citoyen-ne-s sont prêt-e-s à se mobiliser, à s’engager dans la désobéissance civile".