Argitxu Dufau

Des déclarations qui doivent faire leurs preuves

Le ministre de l'Intérieur français, Bernard Cazeneuve, était en visite au Pays Basque vendredi 28 août. Il s'est brièvement exprimé sur le processus de paix, la reconnaissance institutionnelle du Pays Basque et la langue basque. Des élus ont réagi.

Le ministre était en visite au Pays Basque, vendredi 28 août. © Isabelle Miquelestorena
Le ministre était en visite au Pays Basque, vendredi 28 août. © Isabelle Miquelestorena

Une chose est sûre, le ministre de l'Intérieur français n'était pas venu en visite au Pays Basque pour parler processus de paix, rapprochement de détenus, institution ou langue basque. Devant l'insistance des journalistes, Bernard Cazeneuve a lâché au compte-gouttes des déclarations inhabituelles dans le discours officiel de Paris. Entre déception et satisfaction, des élus ont réagi.

Concernant le processus de paix, le ministre n'a d'abord pas dérogé au discours franco-espagnol en déclarant que "la meilleure façon de réussir le désarmement est de rendre les armes". En partant, il a aussi déclaré à MEDIABASK : "les rencontres qui permettent le désarmement sont toujours utiles". Une phrase lancée à la volée mais qui pourrait entrouvrir une porte bien fermée jusque-là.

"Il est clair que le désarmement ne peut être mené à terme sans discussion avec l'Etat français, maintenant nous attendons de le voir pour le croire", a déclaré Anita Lopepe, porte-parole d'EH Bai. Pour la députée socialiste Sylviane Alaux, plusieurs questions restent en suspens : "ETA doit rendre les armes à qui ? Quand ? Comment ? Il faut se mettre autour d'une table". Elle rappelle que, selon elle, le rapprochement des détenus basques et le désarmement sont très liés. "J'ai noté une différence de discours, mais nous avons déjà eu des phases d'espoir et de déception. Aujourd'hui les Etats ne peuvent plus faire comme si ça n'existait pas, la conférence de Paris a porté ses fruits mais je ne suis pas si optimiste, j'attends", conclut-elle.

A droite, Max Brisson, vice-président du Conseil départemental, considère qu'il n'y a pas de nouveauté ni de bouleversement". Il s'est dit "pas impressionné par l'intérêt de cette visite".

Le ministre s'est montré favorable à un EPCI Pays Basque. "Je répète que je suis pour une collectivité territoriale à statut particulier, aujourd'hui l'EPCI nous est proposé. Aujourd'hui je prends cette réponse car elle ne nous fait pas reculer, c'est une étape", estime S. Alaux.

"Il affirme qu'un EPCI est une collectivité territoriale en droit français. Méconnaîtrait-il sa propre constitution ? L'élection au suffrage universel direct de ses membres en ferait une collectivité à part entière. La mise en place de ce type de suffrage, écartée, pour le moment, des dispositions de la loi NOTRe, est indispensable, afin de faire de cette structure une véritable instance démocratique", rétorque A. Lopepe.

Par ailleurs, Max Brisson regrette que le ministre ne se soit pas plus exprimé sur la langue basque "comme d'autres l'ont fait avant lui, Nicolas Sarkozy ou Pierre Joxe, par exemple". "Il n'a pas été très précis, localement, il y a une position consensuelle de la part du Conseil des élus. Concernant le doublement du budget de l’Office Public de la Langue Basque (OPLB), il n’a pas dit si le gouvernement était prêt à le faire. Mais il n’y a pas que l’OPLB, il faut faire un pacte euskara pour que chaque institution puisse mettre en place des politiques linguistiques", a conclu la porte-parole d'EH Bai.