Kattin Chilibolost
Elkarrizketa
Michelle Mounios
Elue à Hendaye, déléguée à la politique linguistique

"L'euskara doit être traitée de façon transversale"

Le conseil municipal d’Hendaye votait en décembre 2015 à l’unanimité une clause visant à valoriser "la compétence en langue basque ou le souhait de formation à la langue basque au moment des recrutements de ses agents", dans le cadre du contrat de progrès mis en place par l’Office public de la langue basque (OPLB). En juin 2015, le conseil revotait le contrat progrès à l’unanimité, cette fois sans la clause. Le préfet l'a rejetée la jugeant discriminatoire. Michelle Munios est conseillère municipale à la mairie d’Hendaye et déléguée à l’euskara, à l’ikastola et à la poltique linguistique. Elle fait part de ses réflexions sur le dossier.

Michelle Munios, élue déléguée à la politique linguistique de la ville d'Hendaye. © Isabelle Miquelestorena
Michelle Munios, élue déléguée à la politique linguistique de la ville d'Hendaye. © Isabelle Miquelestorena

De quoi traitait exactement la clause ajoutée dans le contrat de progrès ?


Michelle Mounios : Le contrat de progrès est un partenariat entre l’OPLB, la commune d’Hendaye et l’Agglomération Sud Pays Basque, pour la période 2015-2020. Au conseil municipal du 15 décembre 2014, on l’avait voté à l’unanimité. Avec l’OPLB, dans l’article trois du contrat progrès, on avait ajouté une clause sur la compétence de la langue basque. Elle disait qu’à compétences égales, la commune valoriserait la langue basque ou le souhait d’apprendre la langue basque au moment des recrutements des agents. Le préfet n’a pas accepté cette clause, on a été obligé de la retirer. Le 23 juin 2015, on a revoté à l’unanimité le contrat de progrès après le retrait de la clause. Le conseil communautaire de l’Agglomération Sud Pays Basque le votera le 24 septembre.

 

A l’origine, la clause ne faisait donc pas partie du contrat progrès. Pourquoi l’avoir ajoutée ?

 

M. M : On l’a ajoutée en accord avec l'OPLB, suite à un travail en commun. On n’était pas sûr qu’elle passerait. L’idée était que quand on recrute un agent, à compétences égales bien sûr, on valoriserait le fait de savoir le basque ou de s’engager à apprendre le basque. En fait, on n’en a pas le droit. Le préfet a dit qu’il s’agissait là d’une discrimination. C’est ce qui est écrit. Donc on ne peut pas le faire. Cela ne veut pas dire qu’on ne tient pas compte du fait de parler basque, mais on ne peut pas le mettre officiellement comme critère.


Le refus du préfet a-t-il changé quelque chose dans l'application du contrat progrès ?


M. M : Je ne pense pas, c’était une clause. La formation des agents se fait déjà, et évidemment, si quelqu’un parle basque, qu’il postule à un poste et qu’il en a les compétences, on ne va pas rejeter sa candidature. On ne peut pas inscrire le critère officiellement. La ville d’Hendaye, au niveau du Pays Basque Nord, a été précurseur en terme de politique linguistique. On continue notre travail. Bien sûr, si la clause avait été acceptée, cela aurait été un plus. Mais ce n’est pas un frein, la décision préfectorale ne change pas nos objectifs.


Dans le contrat progrès à nouveau voté, l’euskara reste donc facultatif et non obligatoire...

 

M. M : Bien sûr, on voudrait plus mais on a toujours comme exemple [le Pays Basque Sud]. A l’occasion du mois de l’euskara, organisé à Hendaye en mars, Erramun Bachoc a donné une conférence. Il a cité une étude sur l’utilisation de l’euskara des jeunes ados de l’autre côté. Là-bas, tout le monde apprend le basque à l’école, c’est obligatoire. Et il s’est avéré que les pourcentages concernant l’utilisation de la langue sont très bas. Les jeunes parlent basque à l’école parce qu’ils y sont obligés, mais dès qu’ils en sortent, ils ne le pratiquent plus. Le basque pour certains jeunes est devenu une langue scolaire, à la fin, un truc que tu rejettes. Erramun Bachoc avait une théorie : il disait que si on faisait une étude sur le Pays Basque Nord, peut-être que les pourcentages ne seraient pas si ridicules que cela. Justement parce qu'ici, quand les parents mettent leur enfant à l’ikastola, ou en bilingue, c’est parce qu’ils le veulent. Ce n’est pas imposé. Et je ne le savais pas, c’est intéressant. Mais c’est vrai qu’on doit toujours tendre à faire plus.

 

Comment envisagez-vous le développement de la politique en faveur de l’euskara ?

M. M : En tant qu’élue déléguée à la politique linguistique je pense que l'euskara doit être quelque chose de transversal dans la politique de la ville. C’est-à-dire que moi je vais travailler avec l’OPLB mais je travaille aussi avec l’adjointe à l’éducation, l’adjointe à la culture etc. On vient d’univers différents, et je pense que les choses se gagnent quand on travaille avec les autres. Lorsqu'on arrive à faire du travail ensemble et qu'on peut rapprocher nos points de vue. Avec l’adjointe à l’éducation par exemple, on a beaucoup travaillé sur les activités périscolaires, et on avait une volonté de mettre les activités en basque. Il s’agit d'une volonté forte de toute l’équipe municipale.