Justine Giraudel

Deux mille personnes ont manifesté pour la paix à Saint-Jean-Pied-de-Port

Deux mille personnes se sont retrouvées, selon le comptage de MEDIABASK, à Saint-Jean-Pied-de-Port aujourd'hui, samedi 18 juillet. Elles étaient 950 selon les services de la préfecture. Pour les organisateurs de la manifestation, l'heure est plus que jamais au rassemblement des forces en faveur du processus de paix.

Pour les organisateurs, la résolution du conflit passe par la solidarité. © Bob EDME
Pour les organisateurs, la résolution du conflit passe par la solidarité. © Bob EDME

Les 7 et 9 juillet derniers, cinq personnes étaient arrêtées à Ossès. A ce jour, trois d'entre elles ont été libérées : Terexa Lekunberri, Jeff Mateo et Grazi Etchebehere. Samedi 18 juillet, en conclusion de la manifestation organisée par leur comité de soutien, cette dernière a appelé les deux mille personnes venues défiler dans les rues de Saint-Jean-Pied-de-Port et la société basque dans son ensemble à se rassembler et s'engager pour oeuvrer en faveur du processus de paix. Un message pacifiste et de solidarité envers les détenus basques.

Portée par Grazi Etchebehere et le comité de soutien des Ortzaiztar, la banderole a ouvert la manifestation à 17h30, avec un message clair : "Non à la répression ! Oui à la résolution !". Les deux mille manifestants, partis de la place de la mairie, ont déambulé dans les rues étroites de la commune, sous un soleil de plomb et les regards intrigués des vacanciers.

Pendant plus d'une demi-heure, accompagnés d'une vague d'ikurrina, ils ont essaimé des slogans rappelant le processus de paix et demandant le retour des prisonniers : "Errepresioa ez da bidea" ("La répression n'est pas le chemin"), "Ez, ez, ez errepresiorik ez" ("Non à la répression") et "Euskal presoak, iheslariak, etxera !" ("Prisonniers basques, exilés, à la maison !").

"Nous voulons Xabier [Reto] et Iñaki [Goienetxea] libres, nous voulons les prisonniers basques libres" : cette revendication a résonné lors de la prise de parole des organisateurs. Après avoir remercié la solidarité des centaines de personnes, "qui se sont spontanément mobilisées" suite aux arrestations, Xabi Larre, conseiller municipal de St-jean-Pied-de-Port et Eñaut Haritschelar de St-Etienne-de-Baigorry, ont dénoncé l'attitude policière violente, et une implication politique de la part des gouvernements français et espagnol qui va à l'encontre du processus de résolution "soutenu par un large spectre de la société basque".

Rappelant la nécessité d'adopter "une solution globale pour les prisonniers politiques basques", ils estiment que "le gouvernement français doit [pour cela] ouvrir la voie du dialogue avec ETA", pour "un désarmement réalisé de façon ordonnée et planifiée". Gouvernement qui, selon eux, craindrait qu'avec l'avènement de la résolution du conflit s'instaure un cycle démocratique au Pays Basque, dont "leur projet centralisateur et jacobin ressortirait perdant". "Le processus de résolution est un combat. A chacun, acteurs politiques, élus, citoyens, de prendre ses responsabilités. A chacun de rester ferme dans ses engagements !", ont-ils lancé depuis l'estrade devant la mairie.

Le rassemblement des forces en faveur de la paix

En conclusion, Grazi Etchebehere a appelé les manifestants et la société basque à se réapproprier le processus de paix, qui requiert l'engagement de tous. "Pour que 'moi' [nik] et 'toi' [zuk] formions le 'nous' [guk]". En citant les paroles d'une chanson d'Anje Duhalde, "Bakezaleak gara, bakea nahi dugu" ("Nous aimons la paix, nous voulons la paix"), elle a demandé de ne pas prêter attention au discours criminalisant et a érigé la solidarité en outil de combat contre la répression.

Selon elle, l'heure serait à la mutualisation des efforts de chacun et à l'ouverture du débat dans toute la société du Pays Basque. Avec une grande émotion, elle a réitéré ne pas regretter d'avoir apporté son aide à des personnes "oeuvrant pour la paix". A noter que de très nombreux manifestants portaient un autocollant où était écrit : "Nik ere, ene etxeko ateak idekiak ditut - Moi aussi j'ouvre les portes de chez moi !".