Kattin Chilibolost

Grève de la faim et de la soif à Moulins-Yzeure

Plusieurs détenus de la prison de Moulins-Yzeure sont en grève de la soif et de la faim. D'autres, dont un Basque, sont au mitard. Tous dénoncent l'atteinte à la dignité des prisonniers et dénoncent le chantage auquel les soumettent les fonctionnaires du Centre pénitentiaire.

En 2010, au terme de 11 jours de grève de soif et de la faim de plusieurs prisonniers, la direction de la maison d'arrêt de Moulin-Yzeure avait déclaré qu'il traiterait les prisonniers avec "respect et dignité".
En 2010, au terme de 11 jours de grève de soif et de la faim de plusieurs prisonniers, la direction de la maison d'arrêt de Moulin-Yzeure avait déclaré qu'il traiterait les prisonniers avec "respect et dignité".

Javier Abaunza, prisonnier basque détenu à Moulins-Yzeure (département de l'Allier, en Auvergne) a été amené au mitard, et bientôt, Iurdan Martitegi et Aitzol Iriondo vont le rejoindre, en signe de protestation. Depuis samedi 4 juillet, six prisonniers de droit commun sont en grève de la soif et de la faim pour dénoncer l'atteinte à leur dignité par les fonctionnaires du Centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure.

Le vendredi 3 juillet, la direction de l'établissement aurait ordonné la fouille au corps des prisonniers sous menace de ne pas recevoir de visite. L'après-midi même, une vingtaine de détenus sortant des parloirs se seraient retranchés dans une aile de l'établissement, et auraient retenu durant quelques instants, sans violence, un surveillant.

Le surveillant relâché, les visites auraient finalement été autorisées. Mais l'action des détenus aurait enclenché l'intervention d'une équipe des Eris (Equipes régionales d'intervention et de sécurité), venue de Lyon. C'est là qu'ils auraient amené plusieurs prisonniers, dont Javier Abaunza, au mitard. L'ordre n'aurait été rétabli que vers 22 heures.

Au cours des journées du samedi et du dimanche, les fonctionnaires auraient soumis Javier Abaunza à des fouilles au corps en le menaçant de lui interdire ses droits de visite. Face à cette situation, ses camarades Iurdan Martitegi et Aitzol Iriondo auraient exprimé leur opposition en se déshabillant de leur propre chef.

Atteinte à la dignité des prisonniers

Après ces événements, des proches des prisonniers basques ont fait parvenir une lettre à Isabelle Liban, chef d'établissement du centre pénitentiaire, pour contester l'atteinte à la dignité des prisonniers. Les fouilles à nu systématiques et générales, contraires à la jurisprudence constante de la Cour européenne et interdites par la réforme de 2009, y sont dénoncées. Ils condamnent des mesures "non conformes à la légalité". Les proches contestent également le fait d'être l'objet de chantage. Ils mettent en relief le manque de respect des familles qui prennent le risque de parcourir 1 500 km et de payer plus de 300 euros, sans avoir d'assurance sur l'aboutissement de leur dessein.

Les détenus auraient également interpellé les organismes de défense des droits de l'Homme. L'Observatoire international des prisons (OIP) a déjà été mis au courant de la situation. Ils ont également encouragé les citoyens à envoyer des courriers en protestation à la direction du Centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure. La presse locale s'est faite l'écho des évènements et l'avocate de Javi Abaunza devrait saisir la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan.

En 2010, Ander Geresta et Jabi Abaunza, détenus à Moulins-Yzeure avaient déjà mené une grève de la faim et de la soif de onze jours. Commencée le 31 juillet 2010, ils avaient mis fin à la protestation après avoir obtenu ce qu'ils demandaient. Le directeur de l'établissement avait exprimé qu'il traiterait les prisonniers avec "respect et dignité".

Les détenus auraient alors accepté de mettre fin à la protestation, tant que le directeur appliquerait sa parole. Les tensions auraient refait surface suite au renforcement des mesures, engagé par nouveau directeur de l'établissement, Richard Bouley.