Maite Etcheverry

Le droit à décider, “un minimum requis pour le débat”

Le mouvement citoyen Gure Esku Dago organise une grande mobilisation, dimanche 21 juin. Une initiative qui s'inspire des dynamiques écossaises et catalanes pour le droit à décider.

Gure Esku Dago avait organisé une mosaïque humaine l'automne dernier, à Donostia. Un clin d'oeil au processus écossais et catalan. © Luis Jauregialtzo
Gure Esku Dago avait organisé une mosaïque humaine l'automne dernier, à Donostia. Un clin d'oeil au processus écossais et catalan. © Luis Jauregialtzo

Le mouvement Gure Esku Dago (c'est entre nos mains en basque) repose sur trois idées qui réunissent tous ses membres. La première tient en la reconnaissance de l'existence du peuple basque, la deuxième en l'existence du "droit à décider" et la troisième que l'heure est à l'action citoyenne.

La démarche trouve ses racines dans l’initiative populaire qui a vu le jour dans la commune d'Idiazabal (Gipuzkoa), en 2008. L'idée est alors de permettre à des gens qui ne se parlaient plus depuis des années, à cause de désaccords politiques ou justement dégoûtés par le climat politique, de recommencer à se parler et à travailler ensemble. Non pas pour créer un nouveau parti politique mais pour que les différentes sensibilités se réunissent et puissent débattre sereinement sans devoir forcément se mettre d'accord.

Le référendum d'autodétermination en Écosse va servir de prétexte à un travail collectif pour repenser les fondements d'un débat sain et respectueux entre des sensibilités longtemps exacerbées. C'est de là que viennent les trois piliers de la démarche, ce sont les conditions minimales pour entamer le débat, comme autant de pré-requis à une discussion où chacun pourra ensuite se positionner sur l'avenir du Pays Basque, selon l'exemple écossais. Et où chacun pourra finalement utiliser librement son droit à décider.

En 2011, les experts internationaux présents à la conférence pour la paix d'Aiete suggèrent dans la déclaration finale que, en parallèle du traitement de la question armée, les représentants politiques se réunissent, dialoguent et se penchent sur d'autres problématiques, en consultation avec la population, pour s'assurer de construire une paix juste et durable. En l'occurrence, au Pays Basque, c'est la question du choix du cadre institutionnel qui paraît prépondérante.
L'initiative qui avait déjà dépassé Idiazabal pour se répandre dans le Goierri et, au-delà, à l'ensemble du Pays Basque, s'inspire maintenant pour sa forme de l'autre exemple européen de nation sans état voulant exercer son droit à décider : la Catalogne. Ainsi, la dynamique sollicite la société civile et organise des événements populaires.

Après de long mois de travail, Gure Esku Dago organise le 8 juin 2014 une chaîne humaine entre Durango et Pampelune sur 140 km qui réunira quelques 110 000 participants, revendiquant main dans la main le droit du Pays Basque à décider de son avenir.