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Euskara : la réforme des collèges inquiète les enseignants chercheurs universitaires

Les enseignants chercheurs universitaires ont manifesté "leur inquiétude" face à la réforme des collèges.

Najat Vallaud-Belkacem a été interpellée par Colette Capdevielle au sujet du traitement des écoles bilingues © wikimedia
Najat Vallaud-Belkacem a été interpellée par Colette Capdevielle au sujet du traitement des écoles bilingues © wikimedia

Le Conseil National des Universités (CNU) s'est réuni à Bordeaux le 21 mai. A la suite de cette rencontre, la 73e section du CNU chargée de la culture et des langues régionales a exprimé son inquiétude dans une motion rendue publique la semaine dernière. Ainsi, les enseignants chercheurs chargés de former les futurs enseignants pointent du doigt la dégradation de l'enseignement des langues régionales du fait de la réforme des collèges.

Selon le CNU, expliquent les membres de la 73e section, la réforme stipulerait que "la langue régionale pourra être choisie comme LV2 dès la cinquième, négligeant le fait qu'actuellement, la majorité des élèves étudient une langue régionale dès la sixième". Pourtant, le droit de continuité de l'enseignement bilingue sans interruption durant le cursus scolaire serait protégé par la "loi de refondation de l'école", rappellent-ils.

Par ailleurs, le fait de cantonner l'enseignement des langues régionales aux Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), principe intégré dans la réforme des collèges, jette le doute sur la qualité et les conditions de l'enseignement bilingue : "nul ne sait à l'heure actuelle comment seront organisés ces enseignements pratiques et qui, au juste, décidera des thèmes choisis dans chaque établissement à chaque niveau".

La députée Colette Capdevielle a pour sa part interpellé Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur la place des langues régionales dans la réforme des collèges. Elle s'est également adressée à Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, dans le but de relancer le processus législatif concernant la proposition de loi constitutionnelle visant à ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires.

Le 27 mai, la Fédération des langues régionales des écoles publiques (Flarep) annonçait la publication d'une circulaire promise par des représentants du ministère de l'Education. Celle-ci devrait garantir la possibilité d'un enseignement bilingue du primaire à l'université, sans interruption. Il réaffirmerait aussi le "respect des textes réglementaires", tout en précisant les termes dans lesquels les langues régionales prendraient toute leur place dans la réforme des collèges.

Considérant les démarches de la Flarep et de la députée Colette Capdevielle, Biga Bai, association de parents d'élèves des écoles publiques bilingues basques, se dit assez confiante. Marie-André Ourette, présidente de l'association, estime que l'enseignement bilingue "est une spécificité et un besoin local", ce à quoi devrait avoir l'obligation de répondre à l'élargissement de l'autonomie des collèges, mentionné par la réforme.

Biga Bai insiste sur le fait que l'enseignement bilingue ne se résume pas à l'apprentissage d'une langue nouvelle, mais qu'il s'agirait, au Pays Basque, de "l'enseignement du basque et en basque", ce qui exigerait, selon elle, une parité horaire pour les deux langues. Dans ce sens, le fait d'adjoindre "langues régionales" à "langues vivantes", changement promis par le circulaire, serait "insuffisant" au goût de Biga Bai.

D'autant plus que les "vertus de l'interdisciplinarité" ne seraient pas contestables mais doivent s'appuyer "sur des savoirs disciplinaires préalables", selon la 73e section de la CNU.