Argitxu Dufau

Les acteurs pour la paix réagissent aux arrestations

Au lendemain des deux arrestations à Biarritz, jeudi 28 mai, des acteurs politiques engagés dans le processus de paix ont réagi. A la veille de la Conférence humanitaire pour la paix au Pays Basque à Paris, le 11 juin prochain, ces arrestations font tache.

L'opération a été menée par la Police Judiciaire de Bayonne et la Guardia Civil. © Bob EDME
L'opération a été menée par la Police Judiciaire de Bayonne et la Guardia Civil. © Bob EDME

Les policiers français et espagnols ont procédé à l'arrestation de deux personnes suspectées de cacher des armes de l'organisation ETA, jeudi 28 mai. Hasard du calendrier ou pas, l'opération policière franco-espagnole tombe moins de quinze jours avant la Conférence humanitaire pour la paix au Pays Basque, à l'Assemblée nationale le 11 juin prochain.

Acteurs politiques, sociaux, syndicaux, de tous bords, et religieux locaux du Pays Basque Nord y sont engagés à coprs et à cris pendant que les appels à y participer se multiplient. Aussi, cette opération policière, au lendemain des élections en Espagne où le Parti Populaire est sorti affaibli, suscite de vives réactions.

Alice Leiciagueçahar, conseillère régionale (EELV), estime que ces arrestations sont "bien la preuve que les gouvernements français et espagnol n'ont rien compris ou ne veulent rien comprendre, c'est la preuve qu'ils n'ont pas envie de ce processus de paix". Selon elle, la paix ne peut pas se faire "par l'écrasement de l'un par l'autre". Une opération policière qui pourrait avoir pour vocation de "fragiliser la conférence" qui, selon elle, dérange certaines personnes car y seront dites des choses "qu'ils n'ont pas envie que l'on dise". "Nous continuerons à nous battre pour avoir la paix, la société civile doit faire pression", conclut-elle.

"Nos gouvernements sont totalement sourds"

Du côté socialiste, Sylviane Alaux, députée de la 6e circonscription, livre son ressenti : "voilà des éléments qui ne vont pas arranger, qui ne vont pas faciliter l'avancée de ce processus de paix que nous réclamons tous". Dans ce contexte, pourquoi une opération policière ? "Nos gouvernements, de Paris et Madrid, sont totalement sourds à la demande qui se fait plus en plus pressante de la part du territoire pour voir aboutir un processus de paix".

Colette Capdevielle, députée de la 5e circonscription, ne fait pas de déclaration "en vertu du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs". En revanche, elle pense que ces arrestations "n'entament en rien [le processus de paix, ndlr], au contraire, cela rend d'autant plus nécessaire un réglement global du processus de paix". Elle note que l'intervention de la police "intervient quatre jours après une défaite sanglante du Parti Populaire, est-ce qu'il y a un lien de cause à effet, je n'en sais rien".

"Je ne connais pas le détail de cette affaire, mais je considère qu'elle tombe à un très mauvais moment", estime Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. "Le processus auquel je participe est une démarche extrêmement délicate et fragile qui, pour le moment, n'est pas partagée par les Etats espagnol et français, poursuit-il. Je regrette beaucoup que cette affaire sorte maintenant". Un obstacle pour la paix ? "Cela peut avoir des conséquences sur l'esprit des citoyens, et nous avons besoin d'un soutien populaire, donc ce n'est pas une bonne chose", conclut-il.