Iurre Bidegain

Un dictionnaire pour relier le basque au breton

Patrig an Habask, enseignant en Bretagne, a publié le dictionnaire basque/breton "Geriadur brezhoneg-euskareg, euskara-bretoiera hiztegia". C'est le fruit d'un travail de neuf ans, né d'un échange entre une école bretonne et l'ikastola d'Arrasate.

Patrig an Habask, professeur e Bretagne. ©Goiena
Patrig an Habask, professeur e Bretagne. ©Goiena

Predig an Habask est enseignant dans la ville de Quimper. Il participe à un projet d'échange entamé il y a quinze ans avec l'ikastola d'Arrasate-Mondragon. Il avait depuis entrepris l'édition d'un dictionnaire basque/breton, destiné d'une part à apporter une aide dans l'échange entre les enseignants, et d'autre part d'offrir un outil pour les personnes témoignant un intérêt pour chacune des langues. Au bout de neuf ans de travail, le dictionnaire "Geriadur brezhoneg-euskareg, euskara-bretoiera hiztegia" a été publié, et se trouve en vente à la maison d'édition Elkar.

Lors d'une excursion à Arrasate, l'académique Patxi Uribarren Liturriaga lui avait remis le "Motxilako Hiztegia" (dictionnaire de poche). A sa grande surprise, le breton s'était rendu compte que 500 mots importants étaient absents du dictionnaire. Il avait donc travaillé à la révision de l'exemplaire. "Je n'ai pas utilisé de méthodologie scientifique, seulement la militante", a-t-il ajouté.

Predig an Habask avait fait son apprentissage du basque avec le livre "Bakarka". Depuis, il a lu les œuvres de Sarrionaindia et s'exerce à la lecture du basque quotidiennement. "A l'image d'un maçon qui apprend les techniques pour construire des bâtiments, j'ai décidé de m'instruire sur ce qui pourrait m'être utile", exprime le professeur.

Porté par cet intérêt, Predig an Habask a auparavant été enseignant d'anglais et de castillan. Il parle aussi le gallois. "Mon but est d'améliorer mon euskara, nous voudrions offrir l'opportunité d'enseigner le basque en Bretagne", avoue-t-il.

D'après lui, l'intérêt pour la langue basque serait vivante en Bretagne. Autour de lui, les gens auraient envie d'apprendre le basque. "Un de mes proches se connecte à Skype chaque soir pour recevoir des cours en basque d'un professeur de Tolosa. A l'inverse, le dictionnaire basque/breton est aussi destiné à tous ceux qui souhaitent apprendre le Breton", rappelle-t-il.

Une situation très critique

Lorsqu'on le questionne sur la situation de la langue bretonne, le professeur répond en basque : "la situation est très grave". Il y a de la sympathie pour la langue bretonne, mais insuffisante pour récupérer toute une langue", souligne Predig an Habask.

Selon lui, les parents Bretons transmettent leur langue naturellement à leurs enfants, mais c'est aussi "insuffisant". Tant que l'on ne reconnaît pas l'officialité de la langue Bretonne, sa situation ira de mal en pis. Il faut considérer que "la présence de la langue française est de 99%", remarque le professeur.